Selon le baromètre 2024 du Défenseur des droits, près de 25% des plus de 55 ans disent avoir été discriminés à cause de leur âge dans leur vie professionnelle. 66% des «seniors» s'autocensurent dans leurs recherches d'emploi. Pour les femmes, c'est encore plus compliqué.
A quel âge devient-on un «senior» sur le marché du travail ? Le Code du travail n'en fait pas mention. L'Insee pose une fourchette de 55-64 ans sur laquelle se base le ministère du Travail, mais là encore, cela reste flou. Par exemple, le CDD senior est ouvert aux plus de 57 ans, tandis que l'aide de l'Etat pour l'embauche d'un senior en professionnalisation est possible dès 45 ans. En 2022, l'Ipsos livrait une étude selon laquelle les recruteurs fixaient, en moyenne, à 49,6 ans l'âge auquel on devient senior. Pour les candidats, on serait plus dans les 52,7 ans.
La question de l'âge des profils seniors reste donc une affaire de perception individuelle. Si on inclut dans l'équation la question de la longévité dans l'entreprise, on se retrouvera même avec des seniors de moins de 40 ans... La discrimination liée à l'âge, sur la base de ce constat, n'a donc même pas lieu d'être. Et pourtant : d'après Le Journal des Seniors du site 20 minutes, cette discrimination est réelle, et malheureusement bien ancrée dans les pratiques de recrutement.
Ignorer les CV des seniors, c'est les exposer à l'invisibilité sociale
Quand les CV des plus de 55 ans sont ignorés, l'invisibilité sociale menace alors même qu'ils sont à dix ans de la retraite. Les raisons invoquées par les recruteurs : manque de dynamisme, peur du coût salarial, difficulté (supposée et souvent non vérifiée) à s’adapter aux outils numériques actuels... Selon le dernier baromètre du Défenseur des droits (2024), près d’un quart des plus de 55 ans disent avoir été discriminés en raison de leur âge sur le marché du travail. 66 % des seniors vont jusqu'à s'autocensurer dans leurs recherches d’emploi ou candidatent à des postes en dessous de leurs compétences.
Concernant les femmes seniors, selon le Défenseur des droits, 26 % d'entre elles ont déjà été victimes de discrimination liée à l’âge. Comme le relevait l'an dernier le site Welcome to the jungle, les femmes séniors ont d’autant plus à donner qu’elles ont souvent été freinées professionnellement par la maternité. Pourtant, elles sont nombreuses à voir leur progression de carrière ralentie alors qu’elles doivent cotiser plus longtemps que les hommes pour toucher leur retraite...
«Les femmes perdent un peu plus de crédibilité à chaque nouvelle ride»
Dans son livre Revolting Women : Why Midlife Women Are Walking Out, Lucy Ryan, spécialiste britannique des droits des femmes, écrit : «Les études sont claires. Avec l’âge, les hommes sont perçus comme plus compétents tandis que les femmes perdent un peu plus de crédibilité à chaque nouvelle ride.» Une réalité face à laquelle, préconise Le Journal des Seniors, il est essentiel de faire valoir ses droits en cas de refus injustifié ou de discrimination avérée. Mais surtout : de sensibiliser les entreprises sur l'inclusivité pour sortir d'un modèle jeuniste qui n'a plus lieu d'être dans une société où on vit plus longtemps et où l'âge de départ à la retraite est sans cesse repoussé.
Source Capital