83 % des cadres veulent évoluer d’ici à 2027, mais selon deux conditions inédites

Rédigé le 18/04/2025

Si les cadres ont toujours aspiré à progresser dans leur carrière, deux tendances inédites se dégagent, d'après l'étude publiée par Audencia et l'IFOP en avril 2025. Une majorité souhaite que cette montée en compétences s'opère sans changer d'employeur et sur des compétences techniques très spécifiques. La formation interne est l'une des réponses apportées à cette attente par les entreprises. Décryptage de Vincent Monfort, directeur offres et solutions entreprises, au sein de l'école de management.

Depuis quelques mois, le contexte économique mondial se dégrade fortement. Les répercussions sur les cadres passent, en partie, par leur volonté de maintenir – voire d’accroître – leur employabilité sur le marché du travail. « Ils sentent le vent tourner en ce moment. Face à ce contexte instable, ils ressentent un besoin naturel de se rassurer sur leurs compétences », décrypte Vincent Monfort, en charge des relations entreprises au sein d’Audencia. C’est particulièrement vrai chez les cadres de moins de 40 ans (93 %).

Cependant, l’une des nouveautés majeures, par rapport aux dernières années, réside dans le fait que 59 % veulent que cette montée en compétences se fasse au sein même de leur entreprise. « Cela leur permet à la fois de minimiser les risques liés à un changement d’emploi, ainsi que de rester fidèles à leur employeur, dont ils se déclarent plus attachés qu’avant », poursuit le directeur au sein de l’école de management.

Priorité sur les compétences techniques

L’autre tendance inédite soulignée par cette étude est leur souhait de se former sur des compétences très spécifiques. 90 % des cadres entendent, en effet, renforcer leurs compétences techniques en priorité, celles qui sont directement liées à leur métier. « Là encore, face à un monde du travail changeant, ils ont conscience qu’ils doivent progresser sur les aspects techniques de leur profession », commente-t-il. Si les compétences humaines arrivent en seconde position, ils aspirent néanmoins à développer des compétences managériales (40 %), des compétences relatives aux transitions actuelles et à venir (digital, RSE, etc) à hauteur de 27 %. Idem pour les compétences liées à la transformation organisationnelle.

Les attentes des cadres sur la forme que doivent prendre ces formations sont également très précises : 78 % préfèrent les formations en présentiel, 50 % dans un lieu autre que leur environnement de travail habituel, 45 % des contenus longs de plusieurs jours, 49 % des contenus individuels inter-entreprises afin d’échanger avec leurs homologues d’autres structures, et enfin, 58 % préfèrent une formation certifiante. Deux tiers des cadres estiment que leurs précédentes formations a eu un impact positif sur leur carrière.

Des dirigeants en phase avec leurs attentes

La bonne nouvelle, d’après l’étude, c’est que les entreprises semblent répondre à leurs attentes. 98 % des dirigeants et des RH reconnaissent que des formations bien construites, puis bien mises en œuvre, contribuent à une meilleure performance de l’entreprise. Ils identifient également les formations comme des leviers importants pour la transformation de l’entreprise (91 %), ainsi que pour la marque employeur (88 %). « Les entreprises ont compris que c’était une véritable attente chez les cadres. Elles ont fait beaucoup d’efforts ces dernières années, et en récoltent les fruits aujourd’hui », pense le dirigeant au sein d’Audencia.

En revanche, les organisations françaises continuent d’enregistrer un certain retard en matière d’intelligence artificielle. Seuls 20 % des dirigeants et des RH considèrent ces compétences numériques comme des axes prioritaires à développer dans les deux prochaines années. « Les dirigeants savent qu’ils doivent former leurs équipes à ce nouvel outil afin de rester compétitifs, mais ils ont paradoxalement d’autres priorités, comme le leadership et la transformation managériale », assure Vincent Monfort.

Certains freins persistent, donc, comme le manque de temps dans un monde du travail qui s’accélère. L’autre obstacle réside dans le coût que représentent les formations. La plupart des petites et moyennes entreprises n’ont pas toujours les ressources financières suffisantes pour en proposer régulièrement à leurs collaborateurs. « Ce n’est pas une priorité, mais sur des enjeux comme l’IA, elles trouveront les ressources ! », réagit le directeur. Pour conclure, même si le marché de l’emploi se tend, « les cadres ont envie d’aller de l’avant ! », termine-t-il. Certains secteurs, comme l’aéronautique, la défense et le spatial tirent leur épingle du jeu, au même titre que les métiers dans l’ingénierie, l’IT, ou les postes de commerciaux.

*L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 502 personnes, représentatif de la population cadre du secteur privé. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas sur les critères de sexe, d’âge, de nature de l’employeur, de secteur d’activité et de région d’implantation. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 12 février au 19 février 2025.

*Pour la cible dirigeants et DRH, l’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 400 personnes, dont 216 dirigeants, gérant ou PDG d’entreprise, et 184 répondants DRH ou RRH. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas raisonnés, puis redressés sur les critères de taille d’entreprise, de secteur d’activité et de région d’implantation de l’entreprise. Les interviews ont eu lieu par téléphone du 11 février au 4 mars 2025.

Source Courrier Cadres – Lea Lucas