Il est possible, dans certains cas, de démissionner de son poste tout en touchant des allocations chômage.
D’après des données de la Dares publiées en avril 2025, environ 2 millions de personnes – dont 1,8 million de salariés en CDI – ont démissionné en 2024, tous secteurs et tous contrats confondus, contre 1,4 million en 2020. Même si, en 2025, le phénomène de « Grande Démission » – qui a surtout touché les États-Unis – semble perdre de son élan, le nombre de départs volontaires atteint des niveaux historiquement élevés depuis la crise du Covid-19.
Dans la majorité des cas, les salariés démissionnaires quittent leur poste sans avoir un autre CDI en poche. Ils pensent souvent qu’ils auront droit, pendant quelques mois, à une indemnisation de la part de France Travail. Or, ce n’est pas le cas. « La démission ne permet pas de bénéficier de l’Allocation de retour à l’emploi », confirme France Travail. Pour la simple raison que la démission d’un salarié en CDI est volontaire. Dans le cas d’une démission, c’est le salarié qui veut rompre son contrat de travail. La seule exception pour toucher des indemnités chômage à l’issue d’une démission, c’est que le départ soit considéré comme « légitime » par France Travail. C’est par exemple le cas lorsque le salarié démissionnaire est victime d’actes délictueux sur son lieu de travail, qu’il ne touche plus son salaire de la part de son employeur, qu’il déménage pour suivre son conjoint qui a été muté, qu’il signe un contrat de service civique ou de volontariat de solidarité internationale ou associatif d’une durée d’un an…
À noter que « la démission n’est pas valable lorsqu’elle est faite sous contrainte », rappelle France Travail. Dans ce cas, le conseil de prud’hommes peut requalifier la démission en licenciement injustifié (ou sans cause réelle et sérieuse). Dans cette situation, le salarié peut donc toucher l’Allocation de retour à l’emploi puisqu’il fait l’objet d’un licenciement, et non d’une démission. L’autre manière de toucher des allocations chômage suite à une démission peut être l’abandon de poste. « L’abandon de poste est la situation par laquelle, sans justificatif (notamment médical) ni autorisation, un salarié ne se présente plus à son poste de travail », explique Émilie Meridjen, avocate en droit du travail au sein du cabinet Sekri Valentin Zerrouk.
Depuis le décret du 17 avril 2023 sur la présomption de démission en cas d’abandon de poste volontaire, ce salarié peut être considéré comme démissionnaire par son employeur. Néanmoins, le salarié peut demander à France Travail l’examen de sa situation pour obtenir l’ARE, à condition qu’il soit resté 121 jours (soit quatre mois) au chômage. Autrement dit : le versement de l’ARE ne fait pas directement suite à l’abandon de poste. C’est uniquement au bout de ces quatre mois que le salarié démissionnaire peut y prétendre. Pour autant, la manière la plus efficace pour quitter un CDI tout en assurant ses arrières reste de négocier une rupture conventionnelle avec son employeur. Via ce dispositif, non seulement le salarié touche une indemnité de rupture conventionnelle, mais il perçoit également des allocations chômage dès qu’il s’inscrit à France Travail.
Source Aurélie Tachot - Cadremploi