Dès juin 2026, les salariés pourront connaître la rémunération moyenne de leurs collègues occupant un poste équivalent, grâce à la directive européenne sur la transparence salariale. Une avancée qui pourrait changer la donne dans les négociations d’augmentation.
C’est une petite révolution qui s’annonce dans le monde du travail. Une directive européenne sur la transparence salariale devra être transposée dans le droit français au mois de juin 2026. L’objectif étant de réduire les inégalités de rémunération entre les hommes et les femmes. Selon l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), les femmes cadres touchent en effet 6,9% de moins que les hommes en France. Ainsi, dès l’année prochaine, les entreprises devront rendre leurs pratiques salariales beaucoup plus transparentes en publiant par exemple des fourchettes de salaires dans leurs offres d’emploi. Elles seront aussi contraintes d’informer leurs salariés sur les rémunérations pratiquées pour les autres employés, qui occupent un poste similaire. Dans ce contexte, sera-t-il plus facile pour les salariés de négocier une augmentation salariale en 2026 ?
«Dès l’année prochaine, le droit à l'information sera beaucoup plus étendu pour les salariés, explique Sandrine Dorbes, experte en stratégie de rémunération, créatrice de la plateforme How Much. Les entreprises devront être en mesure de fournir à leurs employés des éléments très concrets sur les conditions de l’évolution de la rémunération, ce qui permettra de sortir du flou actuel sur les conditions d'octroi des augmentations.» Concrètement, les salariés auront la possibilité de demander au service des ressources humaines la liste des critères à remplir pour pouvoir évoluer dans les grades, et prétendre à un meilleur salaire.
De plus, les salariés en poste pourront dès 2026 réclamer aux RH un document mentionnant la moyenne des salaires des autres salariés de l'entreprise occupant un poste similaire, avec une ventilation hommes-femmes. Une fois la demande effectuée, les RH disposeront de deux mois pour fournir ces informations aux salariés. On parle ici des rémunérations au sens large, c'est-à-dire en incluant des potentiels primes et avantages.
La transparence va bénéficier à la majorité des salariés
A noter que si les salariés occupant le même poste dans l’entreprise sont au nombre de deux, alors les RH auront l’obligation de transmettre les informations de rémunérations aux partenaires sociaux, et non au salarié qui en a fait la demande. De plus, les employeurs auront dès l’été prochain l’obligation de rappeler chaque année à leurs salariés qu’ils ont le droit de réclamer ces informations relatives à la transparence salariale.
Reste à savoir si cette transparence permettra aux salariés de négocier plus facilement leurs salaires à la hausse. «Les personnes qui n'avaient pas l’habitude de négocier leur salaire vont pouvoir poser davantage de questions sur leur positionnement et sur les règles à respecter pour pouvoir prétendre à une augmentation, confirme Sandrine Dorbes. Cette transparence va bénéficier à la grande majorité des salariés qui n’osaient pas parler de rémunération à leur manager. Ces personnes seront plus armées pour négocier, ce sera plus facile pour elles d’être proactives.»
A l’inverse, cette uniformisation des salaires, qui devrait découler de la transparence salariale, pourrait pénaliser la minorité de salariés qui ont l'habitude de négocier régulièrement leur rémunération auprès de leurs managers. «Les salariés qui avaient l’habitude de tirer la couverture à soi auront moins d'arguments pour négocier, puisque toutes les différences de salaire à poste équivalent devront être justifiées. Les augmentations ne pourront plus être attribuées à la tête du client, ou à celui qui crie le plus fort», conclut Sandrine Dorbes.
Source Capital - Guilhem Pouiol

