Trafic de drogue : quand les entreprises déménagent

Rédigé le 28/11/2025

Dans le 19ème arrondissement de Paris, les entreprises et leurs salariés doivent composer avec la présence de toxicomanes, de plus en plus envahissante. À tel point que certaines sociétés, comme la BNP Paribas, projettent de déménager dans d'autres locaux.

À la sortie du travail, dans un quartier du nord-est de Paris, ceux qui vont prendre leur RER croisent, comme chaque soir, ceux qui vont prendre leur dose de crack. Ici, des toxicomanes déambulent, intimident parfois les passants. Marina Bozanga, 35 ans, est employée chez BNP Paribas. Tous les soirs, elle emprunte le même chemin de son bureau à la gare sur une passerelle mal éclairée. Pas vraiment rassurée. Et elle a trouvé un moyen de se protéger en cas de mauvaise rencontre : "En tant que femme, on essaie de rentrer avec des collègues, donc en groupe, pour éviter éventuellement de se faire importuner. Oui, c'est un peu gênant, on va dire, un peu de stress, mais bon, encore une fois, quand on a des vigiles le soir et le matin, on est rassuré".

Car depuis plusieurs mois, la BNP a embauché ses vigiles, chargés de la sécurité des employés tout au long de leur trajet vers la gare(Nouvelle fenêtre). Des policiers en civil et en tenue sont également mobilisés, ce qui n'a pas empêché une autre salariée d'être agressé récemment. "Il m'avait demandé de l'argent, et après avoir refusé. Il n'était pas dans son état normal donc il n'a pas pu aller très loin, mais ce n'est pas très rassurant", confie-t-elle.

Un risque économique pour tout le quartier

C'est dans ce contexte que BNP Paribas projette de déménager, officiellement pour des raisons économiques : "La réflexion menée par BNP Paribas sur l'évolution de son parc immobilier conduit le groupe à privilégier des immeubles dont il est propriétaire". Le départ de la BNP et de ses 2 000 salariés serait un coup dur pour le quartier. Il y a dix ans, pourtant, la construction de bâtiments, de bureaux, de commerces et d'une nouvelle gare promettait un avenir radieux à ce quartier populaire, et des mètres carrés bon marché pour attirer des entreprises de renom.

Aujourd'hui, la zone est minée par le trafic de drogue. La mairie reconnaît que la situation s'est enlisée. Les commerçants s'inquiètent. "Le quartier va mourir. J'ai des assurances à payer, j'ai des charges à payer. Si ça continue comme ça, je vais arrêter", déplore l'un d'eux. Le maire du 19e arrondissement réclame aux pouvoirs publics des moyens et des actions concrètes pour tenter de mettre fin à ce trafic.

Source France Info