Recevoir son salaire en avance, coup de pouce ou piège financier ?

Rédigé le 13/05/2025

Recevoir sa paie en plusieurs fois dans le mois ? Deux Français sur trois (63%) en rêvent, d’après un sondage OpinionWay dévoilé par Le Parisien ce 5 mai. Et chez les moins de 35 ans, la tendance explose : 75% d’entre eux aimeraient débloquer une partie de leur salaire avant la traditionnelle date de versement. Ce qui n’est ni plus ni moins qu’un acompte, puisqu’il consiste à recevoir une partie de votre salaire pour les heures déjà travaillées, à partir du 15 du mois. Alexandre Fraval, avocat spécialisé dans les questions de rémunération, rappelle d’ailleurs qu’il s’agit d’«un droit pour les salariés, et [que] l’employeur ne peut donc pas s’y opposer».

Mais pourquoi un tel engouement ? La réponse tient souvent à une gestion serrée du budget. «D’expérience, les salariés ont souvent recours à l’acompte pour faire face à des besoins ponctuels de trésorerie ou de souplesse financière», observe l’expert. Déménagement, réparation de voiture, frais médicaux mal remboursés… L’acompte devient un outil du quotidien, surtout dans les secteurs «comme la restauration ou le BTP, où l’habitude de solliciter un acompte est plus répandue», illustre-t-il. Dans ce cadre alors, oui, «l’acompte peut être vertueux, mais si, et seulement s’il s’agit d’un besoin ponctuel et maîtrisé», insiste l’avocat. Il doit donc être une aide temporaire, qui doit vous éviter de creuser votre découvert ou de contracter un crédit à la consommation.

L’acompte «peut tourner au cercle vicieux»

Car l’acompte peut parfois ouvrir la porte à un danger plus grand : celui d’y devenir dépendant«Trop d’acomptes fréquents peuvent cacher une difficulté à équilibrer un budget mensuel, ce qui peut tourner au cercle vicieux», alerte Alexandre Fraval. Prenons un exemple : vous gagnez 2 500 euros net par mois. Vous demandez un acompte de 625 euros le 15 du mois – l’équivalent d’une semaine de salaire. Il ne vous restera logiquement plus que 1 875 euros sur votre bulletin de paie. De quoi décaler votre problème de trésorerie… au mois suivant. Ainsi, vous commencez chaque mois déjà amputé d’une bonne partie de votre salaire.

Dispositif encore plus risqué, l’avance, puisqu’il s’agit d’un «prêt accordé par l'employeur aux salariés sur des salaires non encore acquis», c’est-à-dire sur des heures pas encore travaillées. Vous pouvez, par exemple, demander de recevoir en avance deux semaines de salaire, même si on est le 5 du mois. Vous vous endettez donc auprès de votre employeur, qui pourra retenir chaque mois un maximum de 10% de votre salaire net, et ce, jusqu’au remboursement du montant «prêté». L’avance que vous aurez sollicitée viendra donc grever vos ressources sur le long terme. Rien d’étonnant, donc, à ce que le droit à l’avance salariale ne soit pas automatique : votre patron peut tout à fait refuser de vous l’octroyer.

Source Capital