Ils ont quitté la ville pour un job « vert » : ces trois cadres ont trouvé un sens nouveau à la campagne

Rédigé le 02/06/2025

Ces cadres, qui ne s’épanouissaient pas dans leur poste, ont décidé de tout plaquer : leur job comme leur vie citadine. Découvrez l’histoire de Sébastien, Anne-Laure et Bernard.

Sébastien a fait un burn-out en 2017. « J’étais alors auditeur pour le cabinet KPMG. Je travaillais trop, à tel point qu’un soir, j’ai fait une crise d’angoisse. Lorsque j’ai rejoint mon appartement parisien après avoir vu un médecin de garde, j’ai réalisé que j’avais une vie professionnelle dont je n’avais pas du tout rêvé », raconte le quadragénaire. Quelques semaines après, le cadre négocie une rupture conventionnelle avec son employeur et puis quitte ses fonctions et son cocon parisien. Direction : Brive-la-Gaillarde (en Corrèze), là où vit et travaille sa compagne de l’époque. « Un environnement vert, proche de la nature, au calme, loin du tumulte parisien », décrit-il.
Après quelques mois de break, Sébastien décide de chercher un nouveau poste. Mais pas dans l’audit financier. « Je n’arrivais plus à trouver un sens dans ce métier. J’ai donc fait un virage à 180  degrés et je me suis orienté vers la filière des énergies renouvelables, après avoir suivi une formation de deux ans à l’ISE. Aujourd’hui, je continue à faire des audits, mais ils sont environnementaux », explique-t-il. Depuis 2023, Sébastien est chef de projet environnement au sein d’un fournisseur d’énergie. « C’est un métier qui a davantage de sens : lorsque je travaille, j’ai le sentiment d’œuvrer pour la planète, ce qui est motivant ». Ces prochains mois, il envisage toutefois de quitter son entreprise pour se lancer à son compte en tant que consultant.
Anne-Laure aussi a quitté Paris pour donner une trajectoire différente à sa carrière. « J’ai travaillé pendant 8 ans dans une agence de communication. Je m’occupais de créer des campagnes pour le compte de grands groupes. J’étais cheffe de projet et je manageais une équipe de cinq marketeurs, rédacteurs et graphistes. Cependant, je ne pouvais pas choisir mes clients et il m’arrivait donc de travailler pour des entreprises avec lesquelles je ne partageais aucune valeur morale. Suite au Covid-19, j’ai souhaité quitter Paris et changer de poste. Je suis retournée dans ma région d’origine – la Charente Maritime – et j’ai proposé mes compétences à des offices de tourisme souhaitant développer l’image de leur territoire. Mon CV les impressionnait », raconte la trentenaire, qui s’est installée à côté de La Rochelle.

 Quelques mois après, Anne-Laure a démarché une ONG chargée de protéger les océans. « C’est une association qui a plein d’idées, mais qui ne sait pas communiquer, donc il y a beaucoup à faire ! »Ses missions sont plurielles : elle développe des stratégies de communication, crée du contenu, anime les réseaux sociaux… « C’est un poste polyvalent, qui me permet d’en apprendre beaucoup sur la préservation du littoral. Mais je le considère davantage comme une mission. Je ne pense pas travailler longtemps pour cette ONG, d’autant qu’en quittant mon poste à Paris, j’ai perdu presque la moitié de mon salaire », confie celle qui est en veille sur le marché de l’emploi.
Pour Bernard, ancien cadre commercial pour une filiale du groupe Bouygues Construction, l’année  2025 sera décisive. « J’ai quitté Lille il y a 6 six mois pour m’installer dans la Baie de Somme, à la campagne, à 15  minutes de la mer. J’ai acheté une maison avec ma femme, qui travaille dans la fonction publique. Je veux profiter de ce déménagement pour changer de vie professionnelle, la dernière ayant été épuisante et vide de sens », raconte-il. Bernard a récemment passé un bilan de compétences, qui l’a conforté dans son projet : devenir entrepreneur. « J’aimerais monter ma propre activité : un cabinet de conseil qui accompagnerait les entreprises dans leurs démarches éco-responsables », explique-t-il. Pour y parvenir, Bernard, qui vient d’avoir 50 ans, devra toutefois passer par la case formation. « J’ai repéré plusieurs formations continues qui pourront me permettre de muscler mes compétences en matière de RSE. J’aimerais m’y inscrire à partir de septembre prochain2025. Si tout va bien, je ferai donc ma rentrée scolaire en même temps que mes trois enfants, qui sont étudiants », indique-t-il.

Bernard en est conscient : sa rémunération ne sera plus jamais la même. « En tant que cadre commercial, je gagnais entre 60 000 et 70 000 euros bruts par an, en fonction de ma part variableC’est un salaire que j’aurai dû mal à atteindre en tant qu’entrepreneur, au moins les premières années. Mais ce n’est pas si important pour moi, mon objectif étant de faire ce que j’aime, surtout à mon âge », conclut-il.

Source Cadre Emploi - Aurélie Tachot