Expextra, filiale de Randstad spécialisée dans le recrutement et l’intérim de cadres et professions à hautes compétences, a sorti jeudi une étude sur les hausses de rémunération des cadres. Les augmentations varient fortement d’une région à l’autre et d’un secteur d’activité à l’autre. De quoi donner des idées de reconversion et de déménagement ?
Les salaires des cadres sur les postes pourvus par Expectra ont connu une hausse de 3,9% entre juillet 2024 et juin 2025, a indiqué la filiale de la plateforme d'intérim Randstad dans une étude parue jeudi 28 août. C’est presque autant que la hausse observée en 2024 (+4%), et plus que les 2,7% des Etam (employés – techniciens – agents de maîtrise). Le salaire médian s’établit ainsi à 54 780 euros en 2025. Selon l’étude, sept cadres sur dix se déclarent satisfaits de leur rémunération, mais les femmes le sont en moyenne un petit peu moins que les hommes (67% contre 74%). Elles sont notamment moins nombreuses à considérer leur salaire en adéquation avec leur charge de travail (56% contre 70%) et leur niveau d’étude (68% contre 80%).
Le marché de l’emploi cadre n’est cependant pas exempt de difficultés. « Les processus de recrutement s'allongent et les embauches se font moins nombreuses », note le communiqué de presse accompagnant l’étude. Cette moyenne cache de plus de profondes disparités. D’abord, dans une certaine mesure, entre secteurs d’activité. Le secteur des technologies, sans grande surprise, est celui qui s’en tire le mieux, avec une augmentation moyenne de + 4,9% pour les cadres. Elle est portée par « des besoins constants de recrutement dans les domaines à forte expertise technique comme le cloud computing, la cybersécurité, la data science, l’IA et le machine learning », selon le communiqué. Le poste qui a connu la plus forte augmentation moyenne évolue d’ailleurs dans ce secteur, puisqu’il s’agit de consultant en cybersécurité : la hausse moyenne y est carrément de +9,2%, aboutissant à un salaire médian de 49 020 euros. « La multiplication des risques et la digitalisation croissante des entreprises rendent cette compétence indispensable », assure l’étude.
Les cadres des ressources humaines et juridiques sont aussi bien lotis, puisqu’ils ont obtenu en moyenne +4,8% de hausse. « Tech, cybersécurité, management de transition, compliance, droit public et protection des données : certaines compétences, plus techniques et ciblées, sont toujours en forte pénurie sur le RH et Légal. L’expertise, la spécialisation et la capacité à prendre une hauteur stratégique sont des compétences fortement attendues. Enfin, les profils hybrides, avec une double compétence en technologie et expertise, tirent clairement leur épingle du jeu », analyse l’étude.
En troisième, le secteur aéronautique, qui a connu une augmentation moyenne de 4,7% pour les cadres, porté par un dynamisme et par des opportunités croissantes pour les cadres, comme nous vous l’expliquions dans cet article. « Avec l’annonce de 25 000 embauches prévues en France sur 2025, le niveau d’emploi a retrouvé son niveau d’avant pandémie, en atteignant 220 000 salariés fin 2024, soit une croissance de +5,4 % par rapport à 2023 », précise l’étude. C’est d’ailleurs dans ce secteur que se trouve le deuxième poste ayant connu l’évolution de salaire la plus haute : les ingénieurs logistiques aéronautiques ont eu droit en moyenne à +9,1% de hausse, portant leur salaire médian à 44 450 euros.
Baisse de recrutements dans l’industrie
L’industrie est dans la moyenne haute avec 4,1% de hausse pour les cadres. « Les industriels proposent en effet des revalorisations tout à fait correctes, au vu d’une inflation moindre en 2025. En revanche, l’instabilité géopolitique et économique, en France comme à l’international, impacte plus franchement les volumes de recrutement », en baisse de 16,5% en un an selon France Travail. Mais l’étude voit « de bonnes nouvelles du côté de l’industrie verte, de la santé ou de l’agroalimentaire ». Expectra constate aussi que « L’industrie 4.0 s’accélère, dans un contexte où la réduction des coûts et l’amélioration de la qualité sont clés », ce qui a des conséquences directes sur l’emploi : « Les profils qui sont en mesure d’apporter une expertise pointue et une agilité numérique -comme les métiers liés à l’automatisation, la data industrielle, la performance énergétique ou la maintenance intelligente-, sont les plus recherchés », note le communiqué.
L’immobilier et la construction sont à 3,6% de hausse moyenne pour les cadres, la finance à 3,4%, et les sciences de la vie à +2,9%. Enfin, le commerce et le marketing se classent bons derniers, à +2,3% d’augmentation, ce qui est dû selon le communiqué à « la frilosité des entreprises à investir sur des fonctions jugées moins prioritaires en période d'incertitude économique ». Mais les ingénieurs commerciaux peuvent espérer 5,3% d’augmentation.
Dans la liste des professions ayant connu la plus forte augmentation, après les consultants en cybersécurité et les ingénieurs logistiques aéronautiques, arrivent les juristes en droit public (+8,9% et un salaire médian de 42 750 euros), puis les contrôleurs de gestion (+8,1%, salaire médian de 43 560 euros) et les architectes logiciels (+7,7%, 56 250 euros de salaire médian). Ingénieurs de production / exploitation informatique, analyste d’exploitation, responsable hygiène sécurité et environnement, administrateur de base de données et analystes crédit complètent le top 10.
Un décalage important d’une région à l’autre
Des disparités s’observent également d’une région à l’autre, même si l’étude note « une certaine homogénéisation », comparé à l’an dernier, des augmentations des cadres et Etam confondus.
Les augmentations les plus fortes ont en moyenne eu lieu dans le nord-ouest, avec +4,5% de hausse. Une évolution spectaculaire, car cette zone était cinquième sur les sept grandes régions de l’étude l’an dernier. Dans cette région, les ingénieurs logistiques peuvent espérer 9,6% d’augmentation, et le développement de l’aéronautique dans la région participe à cette dynamique. Le nord-est connait également une forte progression : +4,3%, après +6,2% en 2024.
Le sud-est et l’Ile-De-France affichent des résultats plus moyens, avec respectivement +3,4% et +3% de hausse. Le sud-ouest est juste en-dessous (+2,9%). La région Rhône-Alpes et le Nord sont bons derniers, avec à peine 2,5% d’augmentation en moyenne. La première est confrontée à « une contraction du secteur tertiaire marchand », la seconde « à une nouvelle vague de restructurations » et « des fermetures et des plans de départs ces derniers mois, notamment dans la métallurgie, l’automobile et le textile technique ». Exception en Rhône-Alpes : c’est aussi là qu’un poste a droit à la plus forte hausse régionale, en l’occurrence les ingénieurs en mécanique, avec +10,3%, portant le salaire médian à 41 000 euros pour ce poste dans cette région. L’Ile-De-France n’est pas loin avec les architectes logiciels (+10,2%, à 62 640 euros) et les analystes crédit (+10,1%, à 42 500 euros).
Enfin, l’étude évoque aussi le rapport à l’intelligence artificielle. 68% des cadres interrogés pensent que les salariés qui sauront travailler avec l'IA seront dans le futur mieux rémunérés. Mais ils sont plus mitigés quant à leur propre situation : seuls 22% pensent que dans trois ans elle aura permis une augmentation, contre 32% imaginant qu’elle contribuera à une stagnation, et même 13% anticipant une baisse de rémunération – un tiers juge qu’elle n’aura pas d’impact.
« La France manque structurellement de cadres, assure dans l’étude Khaled Aboulaïch, directeur général d’Expectra. Certaines compétences restent rares, notamment en informatique, en ressources humaines ou en finance. Et ces expertises seront au cœur des grandes transformations à venir, à commencer par celles portées par l’IA ».
Méthodologie
Baromètre construit par Expectra à partir de l’ensemble des postes pourvus par l’entreprise (intérim, CDD et CDI) de profils Bac +2 à Bac +5, correspondant à l’analyse de 50 499 fiches de paie, représentant 199 qualifications dont 107 fonctions cadres et 92 fonctions ETAM (employés, techniciens et agents de maîtrise), sur les spécialités aéronautique, immobilier & construction, industrie, life sciences, supply, commerce & marketing, finance, office, RH & légal et technologies. 9 500 entreprises représentées (75 % en province et 25 % en Île-de-France). Rémunérations (minimales, médianes et maximales) et évolutions de salaire enregistrées sur la période juillet 2024/ juin 2025. Montants des salaires en euros bruts.
Etude sur l’IA et la satisfaction vis-à-vis du salaire menée en partenariat avec l’Ifop
Source Cadremploi