C’est le grand déclassement. Selon une étude de l’Insee publiée mardi 23 septembre, 15% des 7,6 millions de personnes âgées de 15 à 34 ans qui ont terminé leurs études et occupent un emploi estiment que leurs compétences sont supérieures à celles requises pour effectuer leur travail. Ces jeunes se sentent ainsi «déclassés» selon le terme utilisé par l’Insee. Dans le détail, 83% des 15-34 ans qui travaillent pensent que leur compétence est adaptée à leur emploi, 2% se disent moins compétents que nécessaire et 15% affirment le contraire. En clair, près d’un jeune actif sur sept juge que son niveau de formation et de savoir-faire n’est pas exploité à sa juste valeur.
L’étude révèle également que ce sentiment de déclassement est plus marqué chez les jeunes avec un contrat précaire, qui occupent un CDD ou sont en intérim (23%), que chez les 15-34 ans titulaires d’un CDI dans le privé ou dans la fonction publique (14%). «Les jeunes en CDD ou intérim occupent plus souvent des emplois d’ouvriers ou d’employés peu qualifiés, ce qui explique leur sentiment de déclassement plus fréquent», explique l’Insee.
Le sentiment d’avoir des compétences plus élevées que celles requises pour faire son travail taraude seulement 10% des jeunes cadres, agriculteurs, artisans, commerçants et chefs d’entreprises. A l’opposé, les employés peu qualifiés sont 28% à se sentir déclassés, soit 10 points de plus que les employés qualifiés. De même, les ouvriers peu qualifiés sont 22% à se sentir déclassés, 8 points de plus que les ouvriers qualifiés.
Le déclassement diminue avec l’ancienneté
Ainsi, le niveau de diplôme influe fortement sur le sentiment de déclassement : seuls 12% des titulaires d’un bac+5 et 11% des jeunes sans diplôme se disent surqualifiés pour leur poste. En revanche, la situation est beaucoup plus critique pour les titulaires d’un diplôme de niveau bac, où près d’un tiers déclarent occuper un emploi sous-qualifié. De même, 19% des diplômés d’un CAP ou d’un bac+2 jugent leurs compétences supérieures à celles requises pour leur emploi actuel.
A noter que le sentiment de déclassement diminue avec l’ancienneté dans le poste. «Cela pourrait traduire des évolutions dans le poste avec le temps, comme une augmentation des responsabilités, souligne l’Insee. Cela pourrait aussi refléter des plus fortes mobilités pour les salariés qui se sentent déclassés.» 11% des personnes qui occupent leur emploi depuis 5 ans ou plus jugent en effet leurs compétences supérieures à celles nécessaires, contre 19% de celles qui ont pris leur poste il y a moins d’un an.
Source Capital - Guilhem Pouiol

