Selon une étude de l'Apec, les cadres jugent les processus de recrutement inutilement longs et chronophages. Ils souhaiteraient un processus plus équilibré où la communication des informations clés comme le salaire soit faite en amont.
Les cadres souhaitent changer de poste... mais demandent aux entreprises de procéder autrement dans leurs recrutements. Ce sont les conclusions d'une étude de l'Apec (Association pour l'emploi des cadres) réalisée auprès de cadres en emploi fin 2023 et en février 2024.
Selon les données d'un rapport complémentaire du même organisme, 60% des entreprises ayant recruté au moins un cadre en 2023 ont rencontré des difficultés de recrutement. Le délai moyen du processus se stabilise autour de 12 semaines, et passe à 15 semaines dans l'industrie.
Côté postulant, plus de la moitié des cadres considère le changement d'entreprise comme une opportunité, notamment pour permettre un gap salarial. Mais ils sont nombreux à être déçus de la manière dont la phase de recrutement se déroule.
Premier irritant, de nature à faire abandonner le candidat en cours de processus: la longueur de la phase de recrutement. Entretiens à rallonges, ajouts d'échanges non prévus, passation de tests techniques ou études de cas surprises à réaliser chez soi... La liste des griefs est aussi nombreuse que l'inventivité dont font preuve les entreprises pour mettre en situation le postulant.
Les délais de réponse trop longs
Les candidats rencontrés par l'Apec jugent la longueur de la procédure "excessive". Pour un candidat déjà en poste ailleurs, la longueur du processus demande en plus de l'organisation et de l'énergie pour planifier des créneaux d'échange en dehors de ses activités opérationnelles. Sans compter qu'ils le font souvent à l'insu de l'employeur actuel. 90% des cadres souhaiteraient un processus resserré autour de deux à trois entretiens seulement.
" Je préfère ne faire qu’un entretien de 2 heures avec 4 ou 5 personnes, plutôt que plusieurs entretiens et plusieurs rendez-vous. Tout le monde gagnerait du temps", commente un responsable informatique interviewé.
Les délais de réponse après une candidature ou entre deux entretiens sont également pointés du doigt. Parfois une réponse quant à la poursuite ou non du recrutement peut mettre jusqu'à 3 semaines. Une durée qui, ajoutée à l'étalement des échanges, et à la longueur d'un possible préavis allonge fortement le délai entre la décision de changer de poste et la prise effective d'un nouveau travail.
Second facteur d'agacement, et non des moindres, l'absence de retour systématique de la part de l'entreprise. Beaucoup de candidats déplorent des retours "lacunaires, impersonnels ou quasiment inexistants". Conséquence: ils sont 74% à relancer eux-mêmes dans l'espoir de connaître le sort réservé à leur candidature. Une situation jugée "irrespectueuse" voire "vexante". Les candidats souhaiteraient un retour au maximum dans les 15 jours suivant l'entretien. "Les cadres souhaitent surtout être rassurés sur le fait qu’ils n’ont pas été oubliés", commente l'étude.
Être informé plus tôt du salaire
Plus globalement, les candidats plaident pour un rééquilibrage des échanges, notamment pour permettre aux deux parties de partager leurs contraintes. Enfin, 65% des cadres souhaiteraient connaître le salaire proposé avant le premier entretien physique.
"J’ai fait tout le processus et au final ça ne collait pas au niveau salaire… ", confie une directrice d'agence bancaire.
Le salaire, une information d'importance similaire à celle des missions du futur poste qui est pourtant très rarement évoquée des recruteurs en première intention. Ces derniers sont enclins à privilégier les négociations selon profil. Mais ne pas communiquer des fourchettes de rémunération provoque déconvenues et perte de temps réciproques.
L'étude sur les attentes des cadres s'est déroulée en plusieurs phases.
Une enquête qualitative menée en novembre et décembre 2023 auprès de cadres en emploi.
Une enquête quantitative en ligne menée en février 2024 par la société Dynata auprès de 2.000 cadres en emploi du secteur privé.
Source Marine Landau – BFM Business