3 manières différentes de cultiver vos soft skills en solo ou en équipe

Rédigé le 10/06/2024

Les compétences comportementales occupent une place de plus en plus importante, notamment face à l’essor de l’intelligence artificielle. Découvrez trois manières différentes de les développer.

Le pouvoir des habitudes

Jérôme Hoarau, coach certifié et consultant en efficacité professionnelle, coauteur du livre Soft Skills (Dunod).

« La particularité des soft skills, c’est qu’il s’agit de compétences transversales, c’est-à-dire que si j’ai pu, par exemple, développer une certaine force de volonté à travers la course à pied, je peux transposer cette force de volonté dans mon métier aujourd’hui. Je vous conseille donc, tout d’abord, d’identifier vos forces en matière de soft skills. J’aime beaucoup deux outils pour cela. La première technique repose sur l’introspection : c’est tout simplement de faire un listing de tous les plus grands défis auxquels vous avez dû faire face dans votre vie, à la fois de grandes réalisations et de grandes difficultés. Listez les soft skills qui vous ont aidé. Vous devriez vous rendre compte que certaines reviennent régulièrement. Une deuxième technique consiste à se reposer sur l’intelligence collective. Choisissez entre 10 et 20 personnes de votre entourage, de cercles variés (anciens collègues, nouveaux collègues, familles, amis, etc.). Des personnes qui peuvent vous percevoir sous des angles complémentaires. Posez-leur une question toute simple : quelles sont mes forces selon toi ? Vous allez avoir plein de retours différents. Et normalement, là encore, des éléments qui reviennent régulièrement. Cet exercice permet de mieux se connaître les uns les autres et booste l’estime de soi. Ensuite, le développement de nouvelles compétences repose sur les habitudes. Si je veux améliorer ma capacité de concentration, il sera ainsi beaucoup plus efficace et durable d’avoir une pratique, par exemple, de lecture quotidienne de 10 minutes, tous les jours, pendant 30 jours, plutôt que de me dire je vais lire deux livres ce week-end, et après c’est bon ! Le cerveau ne fonctionne pas comme ça. »

La magie du théâtre

Éric Guérin, chef étoilé, propriétaire de La Mare aux Oiseaux, et Félix Rigaud, directeur adjoint de cet établissement qui compte 48 salariés.

« Nous cherchons à développer chaque individu au sein du collectif. Dans un restaurant comme le nôtre, les clients ne viennent pas chercher qu’un geste technique, il faut que la maison soit incarnée et animée par l’équipe pour créer des souvenirs. Afin de développer l’esprit de troupe et la cohésion au sein de nos effectifs, nous avons mis en place, depuis deux – trois ans, des sessions de théâtre avec un metteur en scène une fois par mois. Elles avaient lieu, au départ, au sein du restaurant. Puis, nous avons voulu sortir de ce cadre : elles se déroulent désormais dans un vrai théâtre. Nous réalisons des exercices, des mises en situation et des cas pratiques, de l’impro en solo ou en duo… Le regard des uns sur les autres à changer. Certains se sont révélés sur scène par leur présence, effaçant leur complexe de timidité. Au-delà de l’expression orale, cela permet aussi de travailler les déplacements dans l’espace. Tout cela n’est pas anodin et compte énormément, par exemple quand un serveur annonce les plats à des clients à table. Un peu comme le ferait un conteur. Il y a, comme sur scène, une histoire à raconter, une scénographie à respecter, etc. Le théâtre permet de développer leurs talents et leurs compétences car nos métiers ne sont pas simplement techniques. À une époque, les chefs ont pris une telle place et une telle importance qu’ils ont effacé le personnel en salle. Or, si le service est trop lisse, cela ne marche pas. Nous avons besoin que les personnalités de chacun s’expriment. Nos clients s’en souviendront alors autant que de ce qu’ils ont mangé. Et cela créera de vrais liens. »

Le cheval, un miroir

Alison Hennebil, coach, cofondatrice de l’institution Equicoaching.

« Nous utilisons le cheval comme un partenaire. Il demande un état de présence absolu. Il nous suit si on l’inspire et s’il ressent de la confiance. C’est un animal très sensible qui capte les peurs. Face à lui, l’authenticité est de rigueur. Il n’y a pas de statut qui compte, il détecte qui l’on est vraiment. Lors de nos coachings, la personne est dans le manège fermé, avec le cheval en liberté. Le but est de créer une relation, de lui donner envie de vous suivre tout en restant à distance. L’exercice semble simple, mais ne l’est pas ! Je pense, par exemple, à un dirigeant qui était très empathique. Le cheval se sentait très bien avec lui. Mais il n’a pas réussi à l’emmener là où il le souhaitait. Son langage non verbal était maladroit. Exactement comme avec ses collaborateurs qu’il n’arrivait pas à engager malgré son intelligence relationnelle. Le même exercice en équipe est aussi révélateur. Certains collègues ne parviennent pas à bien communiquer et à se mettre d’accord ce qui stresse le cheval. Avec d’autres, l’animal va obéir, mais être très stressé, sans parfois que personne ne le remarque ! Le cheval est vraiment un miroir. Il permet de cultiver un leadership authentique, de trouver un bon équilibre entre la bienveillance et l’autorité, mais aussi d’apprendre à gérer son stress car il impressionne parfois beaucoup. Certains découvrent à ses côtés comment garder leur calme et ainsi éviter que leur propre anxiété ne se répercute sur les autres. »

Source Courrier Cadres - Fabienne Brouca