D'après une récente étude de l'Insee, les salariés qui ont changé d'entreprise entre 2021 et 2022 ont bénéficié à court terme d'une augmentation salariale moindre que ceux restés dans la même structure.
La dernière étude de l'Insee met à mal un préjugé largement répandu autour du marché du travail. Si la mobilité salariale s'accompagne effectivement d'une augmentation de salaire, cette dernière est plus importante pour les salariés qui reste dans la même structure à court terme. Selon les données de l'Institut national de la statistique et des études économiques, les salariés qui ont changé d'entreprise entre fin 2021 et fin 2022 ont vu leur salaire progresser de 2,9% en moyenne quand celui des salariés "stables" a augmenté de 5,7% en moyenne. Cet écart de 2,8 points est stable par rapport à la situation pré-Covid.
L'Insee mentionne plusieurs facteurs pouvant expliquer cette différence relativement importante comme un changement d'entreprise qui peut être subi en raison de la fin d'un contrat à durée limitée ou un licenciement ou encore le fait que certaines primes et avantages soient "liés à l’exercice précédent (primes d’intéressement et de participation) et ne sont donc pas versés la première année d’un nouvel emploi, ou sont corrélés à l’ancienneté (prime d’ancienneté)".
Les cadres mobiles moins perdants en 2022 qu'en 2019
Comme bien souvent, les disparités sont importantes en fonction du type de contrat, du niveau de revenu ou de la catégorie socio-professionnelle considérée. Ainsi, les salariés en CDD qui ont changé d'employeur sur cette période ont vu leur salaire augmenter de 13,2% en moyenne, soit 5,4 points de plus que les salariés en CDD qui sont restés dans la même structure. De même, les salariés mobiles appartenant au premier dixième sur l'échelle des salaires voient leur rémunération progresser davantage que ceux stables, ce qui n'est pas le cas pour les neuf autres dixièmes sur l'échelle.
En ce qui concerne le prisme de la catégorie socio-professionnelle, les cadres étaient toujours perdants lorsqu'ils ont changé d'entreprise en 2022, mais moins qu'en 2019 puisque l'écart de hausse de salaires entre les cadres mobiles et les cadres stables s'est réduit de 0,7 point, à 1,9 point en trois ans. En revanche, l'écart de hausse salariale entre les ouvriers stables et les ouvriers mobiles est bien plus conséquent puisqu'il est supérieur à 4 points.
"Pour les cadres, changer d’emploi est moins pénalisant, ce qui peut être le reflet d’un meilleur pouvoir de négociation dans un marché du travail plus tendu", estime l'Insee.
La mobilité favorable à court terme pour les plus jeunes
Enfin, l'Institut national de la statistique et des études économiques s'est penché sur les différences entre les tranches d'âge. Il ressort que "les moins de 30 ans sont la seule catégorie d’âge pour laquelle le changement d’entreprise n’est pas négatif à court terme sur le salaire" puisque l'augmentation salariale qu'ils enregistrent à cette occasion est supérieure de 0,2 point à celle des salariés stables du même âge.
"Dans un contexte de marché du travail plus favorable, les entreprises sont incitées à davantage retenir leurs jeunes salariés, potentiellement plus mobiles, en leur proposant plus souvent des augmentations de salaire", précise l'Insee.
Ainsi, l'Insee observe que la mobilité est en général défavorable à court terme pour les salariés de plus de 30 ans. Par ailleurs, l'écart de hausse de salaires entre les salariés stables et les salariés mobiles progresse avec l'âge et passe ainsi de -2,9 points ‑2,9 points pour la tranche des 30‑49 ans à ‑9,1 points pour celle des 50 ans ou plus. "Les salariés les plus âgés, et donc souvent les plus expérimentés dans l’entreprise, bénéficient souvent de salaires plus élevés, justifie l'institut. Le changement d’entreprise, parfois contraint, peut davantage conduire à des réductions de revenus."
Source Timothée Talbi – BFM Business