35%. C’est la part de salariés ayant prévu de suivre en direct les Jeux olympiques de Paris 2024 «coûte que coûte», même si «rien n’est prévu par leurs dirigeants», d’après une étude menée par OpinionWay pour SD Worx, un prestataire de services RH européen. Et il y aura de quoi faire : l’équivalent de 50 heures de direct vont être diffusées tous les jours sur France 2 et France 3, selon un communiqué de France Télévisions. De quoi vous permettre de trouver de quoi vous occuper toute la journée si vous êtes un aficionado de sport, donc.
Le hic, c’est qu’en principe, «au travail, on est à la disposition de l’employeur et on doit donc se conformer à ses directives sans pouvoir vaquer librement à des occupations personnelles», rappelle Isabelle Vénuat, juriste en droit social et rédactrice au sein des Editions Tissot. Votre patron peut donc tout à fait vous interdire de suivre les JO pendant votre temps de travail. Si vous ne vous pliez pas à sa directive, vous vous exposez à une sanction disciplinaire, qui doit cependant «être proportionnelle à la gravité du manquement, signale Isabelle Vénuat. Il faut ainsi prendre en compte la durée de la pause, les antécédents du salarié, l’impact sur l’activité de l’entreprise…»
Dès lors, sanctionner un salarié qui ne ferait que suivre de loin l’événement en consultant les résultats sur son ordinateur ou son téléphone est très peu probable. «C’est du bon sens. D’autant que l’utilisation du téléphone et d’Internet à des fins personnelles est généralement admise en entreprise, à condition qu’il s’agisse d’un usage raisonnable», précise Isabelle Vénuat.
Le cas particulier des salariés en télétravail
A noter par ailleurs que pendant leurs temps de pause, les salariés peuvent librement téléphoner, prendre un café ou fumer une cigarette, mais aussi regarder la retransmission de certaines épreuves des JO si cela ne perturbe pas le travail de leurs collègues. Car pour rappel, dès que le temps de travail quotidien d’un salarié atteint 6 heures, le salarié doit bénéficier d’une pause de 20 minutes consécutives au minimum.
Et si vous faites partie des salariés invités à télétravailler tout le long de l’événement, vous disposez d’un certain avantage : tant que vous bouclez vos tâches en temps et en heure et que vous restez joignable pendant vos heures de travail, personne ne saura que vous jetez de temps en temps un coup d’œil aux épreuves des JO. Et vous ne risquez donc rien. Sauf si vous faites partie des salariés dont l’employeur a décidé de mettre en place (sous certaines conditions) un système de surveillance en télétravail, comme un contrôle via une webcam, par exemple.
Mais dans les faits, les employeurs ont tout intérêt à «utiliser cet événement sportif comme fer de lance sur la cohésion d’équipe», tout en cherchant à «encadrer les pratiques sur cette période hors norme», estime SD Worx. Certains aménagements peuvent ainsi être proposés aux salariés souhaitant regarder une grande partie des épreuves des JO. Un employeur peut, par exemple, autoriser un collaborateur à décaler ses horaires et lui permettre d’arrêter de travailler plus tôt pour suivre les Jeux olympiques tout en prévoyant un système de récupération des heures perdues.
Les JO, une occasion de fédérer les salariés
En réalité, «le plus simple serait de permettre aux salariés qui souhaitent suivre l’intégralité des JO de poser des jours de congés payés ou de RTT pendant cette période», estime Isabelle Vénuat. Mais ayez bien à l’esprit une chose : c’est votre employeur qui a la main sur vos congés payés et le contingent «patronal» de vos RTT, s’il y en a un. Rien ne l’oblige donc à accepter votre demande de poser des jours pendant les JO.
Mieux encore, les patrons les plus «cools» peuvent profiter de l’événement pour renforcer les liens avec et entre les équipes. «Les JO, comme le sport de manière générale, peuvent faire partie de la vie d’entreprise et devenir une activité fédératrice», souligne Isabelle Vénuat. D’ailleurs, près de 4 salariés sur 10 aimeraient que leur employeur prévoit de diffuser les épreuves sur leur lieu de travail, selon le sondage réalisé pour SD Worx. Et rien n’empêche votre chef de permettre le visionnage de quelques épreuves des JO pendant les heures de travail, sans impact sur votre rémunération, tant qu’il a l’accord de la direction générale ou des ressources humaines. D’autant que l’été est réputé comme étant une période plus creuse dans bon nombre d’entreprises.
De même, 42% des salariés seraient favorables à l’organisation d’activités de team building en lien avec les Jeux olympiques. La simple mise en place de paris sportifs entre collègues via une application de pronostic sans argent pourrait ainsi renforcer le collectif de travail. Une démarche encore plus importante pour les salariés amenés à travailler à distance pendant plusieurs semaines d’affilée.
Source Capital