En cas d'accession à Matignon, le Nouveau Front populaire a promis d'abroger la réforme des retraites. LFI a déjà déposé une proposition de loi qui pourrait toutefois se heurter à l'article 40 que le camp présidentiel ne manquera pas d'invoquer.
Un peu plus d'un an après sa promulgation, la réforme des retraites est-elle toujours menacée? Vainqueur des élections législatives anticipées, le Nouveau Front populaire a promis d'abroger le texte décalant l'âge légal de départ à 64 ans. Candidate de l'union de la gauche au poste de Première ministre, Lucie Castets a d'ores et déjà dévoilé sa méthode, expliquant vouloir d'abord agir par décrets si elle était nommée à Matignon, avant de déposer un projet de loi en bonne et due forme.
Les décrets ne seront en effet pas suffisants. S'ils sont utiles pour agir rapidement, notamment en l'absence de majorité absolue, les décrets "ne peuvent pas modifier la loi", rappelle la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina. Ils peuvent en revanche permettre au NFP de reporter dans un premier temps l'application de la réforme des retraites.
L'article 40 de la Consitution au cœur du débat
Il faudra ensuite nécessairement passer par une proposition de loi qui sera discutée au Parlement pour revenir à un âge légal de départ de 62 ans. Un texte en ce sens a déjà été déposé par La France insoumise. Ceux qui s'y opposent disposent néanmoins d'une arme qui pourrait faire capoter le projet du NFP: l'article 40 de la Constitution. C'est précisément cet article qui a permis en juin 2023 à Yaël Braun-Pivet d'empêcher toute discussion de la proposition de loi du groupe Liot qui prévoyait déjà d'abroger la réforme des retraites.
L'article 40 "sert généralement à écarter les dispositions de la loi concernant le financement", souligne Anne-Charlène Bezzina. Cette procédure "consiste à donner au gouvernement et aux parlementaires le pouvoir de déclarer irrecevables -c'est-à-dire d'empêcher tout dépôt et toute discussion- des amendements ou une proposition de loi dès lors que ces ou cette dernière ont pour conséquence d'aggraver une charge ou diminuer les ressources publiques", poursuit la constitutionnaliste.
Dit autrement, l'ancienne majorité opposée à l'abrogation de la réforme des retraites pourrait invoquer l'article 40, arguant que la proposition de loi du NFP serait préjudiciable pour les finances publiques déjà en piteux état.
Le NFP majoritaire au Bureau de l'Assemblée nationale