D'après la dernière enquête d'Opinion Way pour Indeed, deux tiers des salariés français sondés imputent également les difficultés de recrutement des entreprises à ces discriminations vis-à-vis des candidats les plus âgés.
Le président du Conseil d'orientation des retraites Gilbert Cette l'affirmait au micro de BFM Business vendredi dernier: une hausse du taux d'emploi français est indispensable pour résorber le déficit du système de retraites à terme. Et le patron du COR cible trois catégories de populations pour augmenter ce taux d'emploi, à savoir les jeunes, les personnes peu qualifiées et évidemment les seniors.
Or, bien que les salariés les plus âgés semblent appréciés par leurs collègues, ces derniers estiment que les candidats de 45-50 ans ou plus sont victimes de discrimination à l'embauche de la part des recruteurs. Selon la dernière étude du cabinet Opinion Way pour le site Indeed, 68% des quelque 1.000 salariés interrogés dressent ce constat et ils sont à peu près autant (67%) à considérer que les difficultés de recrutement des entreprises sont en partie liées à cette discrimination ciblée, au-delà du manque de main d'oeuvre souvent déploré.
Les salariés français ont donc pleinement conscience des difficultés auxquelles font face les seniors sur le marché du travail. Plus de 70% ont le sentiment qu'il est difficile de trouver un emploi dès 45-50 ans et plus de 60% estiment que passé cet âge, les personnes en recherche d'emploi doivent accepter des emplois en-dessous de leur niveau de compétences.
Un recrutement que les salariés ne juge plus "pertinent" au-delà de 59 ans
Pourtant, une très large majorité (94%) des salariés français d'entreprises privées de 20 salariés ou plus côtoient des salariés âgés de 45-50 ans ou plus. Si 78% des sondés constatent que leur entreprise recrute des seniors, ils sont tout autant à souhaiter une hausse du recrutement de ces profils qu'ils perçoivent comme nécessaire pour leur entreprise. Ce souhait est croissant avec l'âge des salariés interrogés (81% chez les salariés de 50 ans ou plus contre 73% chez ceux de moins de 35 ans) et s'ils côtoient déjà des collègues seniors (80% quand c'est le cas au lieu de 56% dans la situation inverse).
En revanche, cette bienveillance des salariés vis-à-vis des plus âgés semble avoir une limite qui se situe autour de 59 ans. À partir de cet âge, ils ont tendance à estimer que le recrutement du salarié n'est plus pertinent pour leur équipe. Les salariés ramènent même cet "âge pivot" à 58 ans. "Dès 45-50 ans, les travailleurs sont perçus comme des candidats à risque, malgré leur richesse de compétences. Cette discrimination installée, qui débute bien avant l'âge de la retraite, traduit un paradoxe inquiétant : les seniors sont célébrés en théorie mais exclus en pratique", regrette Indeed qui appelle notamment à des initiatives gouvernementales.
Source Timothée Talbi – BFM Business