Les cadres ont-ils été augmentés à la hauteur de leurs attentes en 2024 ?

Rédigé le 27/09/2024

Le cabinet de recrutement Robert Walters a mené une étude auprès des cadres suite aux entretiens annuels de début d’année. Les hausses de salaire accordées ne correspondent pas toujours aux attentes.

Les entretiens annuels, c'est le moment de parler d'argent, et c'est souvent à ce moment que se décident les hausses de salaires. Le cabinet de recrutement Robert Walters a donc interrogés les cadres suite à ce rituel, pour savoir s'ils avaient été augmentés et si cela correspondait à leurs attentes. Ses conclusions ont été publiées cet été. Les conclusions figurent dans son étude "Entretiens annuels, quel bilan pour les cadres ?"

49% seulement des cadres ont été augmentés début 2024. Ils étaient 68% en 2023. Mais cela correspond à leurs prévisions ; en décembre, 48% s’attendaient à être augmentés. Néanmoins, pour 45% des cadres augmentés, la hausse est inférieure à leurs attentes. Pour un gros tiers (37%), elle est conforme à leurs attentes, et pour les 18% restants, elle les excède même.

Quand la hausse est supérieure aux attentes, 55% des cadres qui envisageaient de changer d’emploi ont ralenti voire stoppé leurs recherches. Inversement, 68% de ceux dont l’augmentation était inférieure à leurs attentes déclarent désormais envisager de changer d’emploi. Et la moitié de ceux qui n’ont pas été augmentés prévoient de changer d’emploi dans les six prochains mois.

S’ils sont relativement insatisfaits, c’est que les hausses ont été limitées : pas plus de 5% pour 78% d’entre eux, entre 6 et 10% pour 13%. La directrice générale de Robert Walters en France, Coralie Rachet, commente dans l’étude que cela marque un retour à la normale prévu en décembre et qui "semble s’être confirmé au vu des augmentations accordées en ce début d’année. Plus que jamais, les entreprises devront être attentives à leurs collaborateurs pour leur offrir des avantages autres que portés sur la rémunération".

Les disparités genrées perdurent : 84% des femmes ont eu moins de 5% de hausse, contre 72% des hommes. Inversement, 12% des hommes ont obtenu plus de 11%, contre 6% des femmes. D’ailleurs, 22% des hommes ont obtenu une hausse supérieure à leurs attentes, contre seulement 11% des femmes. Même si, contrairement à l’année dernière, le nombre d’augmentations est mieux réparti entre hommes et femmes.

Quelles fonctions ont été augmentées ?

Si l’ensemble des fonctions de cadres ont connu des augmentations, certaines en ont plus profité. Ainsi, 73% des cadres des ressources humaines ont été augmentés, signe que les entreprises souhaitent valoriser la fonction. C’est plus qu’en 2023, où ils avaient été 60%. 56% ont eu jusqu’à 5% d’augmentation, 44%, entre 6 et 10%. Ces hausses relativement limitées ne sont pas à la hauteur des attentes de plus de la moitié d’entre eux, et 67% des déçus envisagent de changer d’entreprise dans les 24 mois à venir. Ils se satisfont tout de même globalement d’un management à l’écoute et efficace, d’un très bon niveau de rémunération et d’autonomie sur les missions et priorités.

En deuxième position, 62% des cadres ingénierie et opérations ont été augmentés, un chiffre stable par rapport à 2023 (64%). Ces cadres restent difficiles à recruter, aussi les entreprises les augmentent-elles facilement pour les fidéliser. Si 67% n’ont pas eu plus de 5% d’augmentation, 14% ont eu droit à plus de 20%. Ils sont majoritaires à être déçus, mais 32% ont bénéficié de hausses supérieures à leurs attentes et sont donc moins pressés de partir. Les cadres avancent comme motifs de satisfaction des missions stimulantes et intéressantes, un très bon niveau de rémunération et de l’autonomie sur les priorités et missions.

57% des cadres des achats et de la supply chain ont bénéficié d’une hausse de salaire, une baisse conséquente par rapport à 2023, où ils étaient 70%. L’étude avance "un contexte géopolitique incertain et des productions déprimées ou volontairement contraintes, provoquant un ralentissement de la croissance" pour expliquer cette baisse. 75% des cadres augmentés ont eu entre 1 et 5%, les autres n’allant pas au-delà de 10%. Cela déçoit la moitié des cadres concernés, dont 53% envisagent en conséquence de changer d’emploi dans les trois à six prochains mois. Du côté des motifs de satisfaction, ils citent un très bon niveau de rémunération, des missions stimulantes et intéressantes, et de l’autonomie sur les missions et priorités.

D’autres secteurs moins porteurs

56% des cadres des fonctions juridique, fiscal et conformité ont vu leur salaire augmenter, une baisse par rapport à 2023, où ils étaient 77%. Pour 64%, la hausse n’excède pas 5%, pour les 36% restants, elle ne dépasse pas 10%. Pourtant, 54% d’entre eux ont bénéficié d’une hausse équivalente ou supérieure à leurs attentes. La moitié des cadres dans cette situation ont ralenti ou cessé leurs démarches de changement d’emploi. En revanche, 73% de ceux insatisfaits ou privés d’augmentation veulent changer d’emploi dans les douze prochains mois.

Les cadres de la tech et du numérique ont été 53% à recevoir une augmentation, en forte baisse par rapport à 2023 (75%), une normalisation suite à des fortes hausses post covid. Si 70% n’ont pas eu plus de 5% de hausse, 20% ont eu droit à plus de 20%. La hausse n’est pas conforme aux attentes pour 40% d’entre eux, dont la moitié songe à changer d’emploi.

La moitié des cadres de la finance ont eu droit à une hausse de salaire, contre 67% en 2023. 54% n’ont pas eu plus de 5% d'augmentation, et 8% ont vu leur salaire s’accroître de plus de 11%. Cela correspond aux attentes pour la moitié d’entre eux, mais 36% sont déçus.

Les cadres des fonctions marketing et commerciale sont les plus mal lotis, puisque seuls 27% ont vu leur rémunération progresser. Une chute par rapport à 2023, où ils étaient 67%, qui correspond selon l’étude à un retour à la normale après deux années de très forte hausse. L’écrasante majorité, 87%, n’a pas eu plus de 5% de hausse, et les 13% restants ne sont pas allés au-delà de 10%. Cela ne convient pas à 67% des d’entre eux, dont sept sur dix envisagent de changer d’entreprise.

 

Source Cadre Emploi