Face à l’urgence de la transition écologique, de nombreux cadres voient leur secteur se transformer. Selon le dernier baromètre de l’Apec, l’emploi cadre lié aux métiers verts progresse rapidement, stimulé par des investissements croissants dans le développement durable. Un phénomène qui dessine de nouvelles perspectives de carrière.
Entre 2019 et 2023, le nombre d'offres d'emploi cadre pour des métiers verts a connu une progression impressionnante de 56%. C’est ce que révèle le dernier baromètre de l’Apec, l’Association pour l’emploi des cadres, « Transition écologique et emploi cadre » de 2024. L’association rappelle que la transition écologique se définit comme « une évolution vers un nouveau modèle économique et social, un modèle de développement durable qui renouvelle nos façons de consommer, de produire, de travailler, de vivre ensemble pour répondre aux grands enjeux environnementaux, ceux du changement climatique, de la rareté des ressources ».
Selon le baromètre, ce secteur représente désormais 2,2 % des offres d’emploi cadre en France, avec 12 400 offres, contre 1,5 % quatre ans auparavant. Bien que ce chiffre reste modeste, cette tendance s’inscrit dans une dynamique de croissance continue, avec des régions telles que l'Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes concentrant plus de 40 % des opportunités. Certaines régions voient de leur côté une proportion des offres d’emplois verts supérieure à la moyenne nationale : Pays de la Loire (2,7 %), Provence-Alpes-Côte d’Azur, Centre-Val de Loire et Grand Est (2,6 %).
Une concentration des offres dans les services et l’ingénierie
Ces métiers, définis par leur contribution directe à la protection de l’environnement (aux contraires des métiers catégorisés comme « verdissants », amenés à se transformer de par la transition écologique), se concentrent principalement dans les secteurs de l’énergie, de l’aménagement du territoire et de la gestion des risques environnementaux.
L’étude souligne également que près de 80% des offres d'emploi cadre pour des métiers verts proviennent du secteur des services, notamment l’ingénierie et la recherche et développement, qui représentent à elles seules 42 % des annonces. Le secteur industriel ne représente que 16% des offres, la construction 7%, le commerce 2%. Le besoin de compétences en analyse et gestion des risques environnementaux est particulièrement prononcé (plus de la moitié des besoins exprimés par les entreprises publiant des offres d’emploi verts de cadres).
Des investissements massifs qui soutiennent l’emploi
Le développement des emplois verts est directement liée à la montée en puissance des investissements dans le développement durable. En 2023, ils ont abouti à la création de plus de 17 000 nouveaux postes salariés cadres et non-cadres confondus. Les énergies renouvelables et les batteries pour véhicules électriques sont les principaux créateurs d’emplois dans ce domaine, représentant respectivement 47 % et 29 % des créations de postes. Le secteur du recyclage et des déchets représente 14% des créations de poste.
Les TPE et PME ont contribué à 51% de la création de ces emplois verts. Les entreprises de taille intermédiaires (de 250 à 1000 salariés) ont contribué à 23%, et les grandes entreprises à 26%. En revanche, la part dans les investissements de ces trois catégories est à peu près équivalente : à investissement égal, les TPE et PME créent donc plus d’emplois directement liés à la transition écologique.
Dans tous les cas, l’investissement privé dans le développement durable a explosé, atteignant 24,5 milliards d’euros en 2023, soit sept fois plus qu’en 2019. Cela ne représente cependant que 29% des investissements effectués en 2023 au niveau national, mais ce poids est aussi en hausse, puisqu’il était de 6% en 2019.
Cette montée en puissance correspond à la création de nouveaux sites de production, le rachat de structures spécialisées, ou le financement de projets dans des domaines tels que les énergies renouvelables, le recyclage, les véhicules électriques, les bâtiments durables et les éco-matériaux, ou encore l’agri-tech et le bio. Les énergies renouvelables ont capté la moitié des investissements, et les batteries et véhicules électriques, un tiers d’entre eux.
Des formations de plus en plus nombreuses
Pour soutenir cette transition écologique, l'offre de formations adaptées se développe. L’étude recense plus de 1800 cursus de niveau Bac+3 et plus dans le domaine du développement durable. Ces formations, principalement orientées vers la gestion des risques environnementaux, l’aménagement du territoire, le génie énergétique et l’éco-construction, visent à répondre aux besoins croissants de compétences spécifiques. Les régions à forte tradition agricole, comme la Bretagne ou la Bourgogne-Franche-Comté, proposent des programmes en agroécologie, tandis que les régions industrielles mettent l’accent sur l’ingénierie environnementale et le recyclage.
Méthodologie
Etude quantitative menée par l'Apec sur ses offres publiées en 2019 et 2023 (hors doublons et offres partenaires), couplée à une analyse des investissements privés et des formations de niveau bac+3 et plus. Sources utilisées : Apec, ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Onemev – Insee (RP 2021), Insee (Déclaration sociale nominative 2021), Programme des Nations Unies, Trendeo, Observatoire de l’emploi et des investissements.
Source Cadremploi