«Je n’ai pas osé» : pour les jeunes femmes, négocier son salaire reste une épreuve

Rédigé le 17/10/2024

Le sujet des prétentions salariales lors d’un entretien reste difficile pour les femmes : d’après une étude de l’APEC, publiée en octobre 2023, les jeunes diplômées ont moins tendance à négocier leur salaire à l’embauche que leurs homologues masculins.

L’APEC (Association pour l’emploi des cadres) l’affirme : dans une étude publiée en 2023, 55% des femmes cadres saisissent l’opportunité de négocier leur salaire lors de l’entretien d’embauche, contre 61% des hommes. En 2021, une Chaire Audencia en était aussi venue à la conclusion, lors d’un atelier de négociation salariale, que les femmes avaient en moyenne des prétentions salariales 15% inférieures à celles des hommes. «J’avais la main tremblant en abordant la question. J’avais peur», raconte une jeune diplômée de droit au média d’information sur la formation L’Etudiant, qui postulait dans un cabinet d’avocat.

Impression d’un sujet tabou, sentiment de manquer de légitimité, peur de ne pas être retenue, manque de visibilité sur les salaires moyens du secteur… Les raisons poussant à garder ses prétentions pour soi sont nombreuses. Mais elles semblent plus toucher les jeunes femmes : «Le prof avait demandé ce qu'on allait aborder pendant les entretiens d'embauche après notre parcours. Sur les 18 filles et les 2 garçons du groupe, seuls les 2 garçons ont évoqué la question du salaire», rapporte une étudiante de vingt-trois ans à L’Etudiant.

Un manque de préparation pendant les études

Une experte en négociation salariale explique que l’éducation genrée est aussi une composante du problème : les femmes osent moins exprimer leurs opinions et leurs prétentions de manière claire et directe. Et lorsqu’elles le font, on peut parfois le leur reprocher. Mais les jeunes diplômées font aussi état d’un manque global de préparation à l’entrée dans la vie professionnelle : «On a des cours d'orientation, mais ça ne nous apprend pas à comprendre comment ça se passe dans la vraie vie», regrette une jeune diplômée. «C’est très vague et la négociation salariale n’est pas abordée», ajoute une autre.

La négociation salariale demande une préparation. Avant d’aller bille en tête à son entretien d’embauche, il convient d’identifier certains éléments pour définir ses prétentions. D’abord, il faut évaluer sa propre situation : niveau d’études, compétences, expérience... Si possible, il est de bon ton de se renseigner sur ce que gagne une personne ayant un profil assez similaire dans votre milieu professionnel.

En fonction de vos années d’expérience, vous pouvez prétendre à ajuster le salaire : jusqu’à sept ans d’expérience, il est admis que vous pouvez viser 5% supplémentaires par rapport au salaire de base pour ce poste. De sept à vingt-trois ans d’expérience, 20% supplémentaires. Après vingt-trois ans d’expérience, l’employabilité se réduit, et il faut plutôt viser 10%. Cela ne représente toutefois pas une vérité absolue et chaque employeur a sa propre culture d’entreprise, constituant autant de réponses différentes à une prétention salariale.

Source Capital