Les inégalités persistent entre femmes et hommes cadres

Rédigé le 31/10/2024

Rémunération et carrière : ce sont les deux gros sujets sur lesquels persistent des inégalités entre hommes et femmes cadres. Une étude de l’Apec montre les implications sur la carrière et le quotidien des femmes cadres concernées.

Hommes et femmes cadres ne sont toujours pas sur un pied d’égalité. C’est le constat de la dernière étude de l’Apec (Association pour l'emploi des cadres), « Argent, carrière, sexisme », d’octobre 2024. Malgré des progrès en matière d’évolution professionnelle, cette étude montre que des écarts subsistent en matière de rémunération, de progression de carrière et de conciliation vie professionnelle-vie personnelle.

Des écarts de rémunération tenaces

L'inégalité salariale reste le principal marqueur des différences entre cadres masculins et féminins. Selon l'étude, à poste et profil identiques, les hommes cadres perçoivent en moyenne 6,9% de plus que leurs homologues féminins. Cet écart diminue tout de même depuis une décennie, même s’il est loin de se résorber totalement. Ainsi, en 2015, il était de 8,5%. Cet écart a en revanche tendance à s’accroître fortement avec l’âge des cadres. Ainsi, après 55 ans, l'écart de rémunération atteint 11%, contre seulement 3% pour les moins de 35 ans.

A noter que sans comparer les profils identiques, mais en considérant l’ensemble des cadres, cet écart est plus élevé. Dans l’ensemble, les hommes cadrent gagnent en moyenne 56 000 euros bruts annuels, soit 12% de plus que les femmes, qui touchent en moyenne 50 000 euros. La moitié des femmes cadres considèrent ne pas être rémunérées à leur juste valeur, neuf points de plus que leurs collègues masculins.

Le plafond de verre toujours présent

Au-delà des salaires, les inégalités de carrière se manifestent également dans l'accès aux postes à responsabilité. Un tiers des femmes cadres affirment avoir été freinées dans leur progression professionnelle en raison de leur genre. Seules 33% des femmes cadres occupent des postes de management, contre 46% des hommes.

Ces inégalités d'accès se traduisent également par une moindre présence des femmes dans les fonctions dirigeantes, malgré leur progression numérique au sein du monde cadre (38% aujourd'hui contre 30% il y a 20 ans). En effet, les chiffres sont encore plus frappants au sommet des hiérarchies : seuls 21% des cadres des directions générales sont des femmes, révélant la persistance d’un véritable « plafond de verre ». Pourtant, très peu de responsables RH d’entreprises en ont conscience : 13% des responsables RH d’ETI (entreprises de taille intermédiaires) et grandes entreprises assurent avoir « connaissance d’inégalités d’accès entre femmes et hommes pour des postes de management et de direction », contre 5% de ceux dans des PME (petites et moyennes entreprises) et à peine 2% dans des TPE (très petites entreprises).

La difficile conciliation entre vie professionnelle et personnelle

Outre les freins de carrière, les femmes cadres rencontrent davantage de difficultés que les hommes pour concilier vie professionnelle et vie personnelle. 45% des femmes cadres déclarent éprouver des difficultés dans ce domaine, contre 40% des hommes. Ce léger déséquilibre s’accroit chez les femmes occupant des fonctions managériales (55% contre 48% des hommes cadres dans la même situation) ou ayant de jeunes enfants (59% contre 49%). En effet, dans les couples de cadres avec enfants, les mères sont majoritairement sollicitées pour garder les enfants malades. 44% des mères cadres assurent s’en occuper le plus souvent, contre 16% des pères cadres.

Cette charge supplémentaire affecte leur bien-être : 85% des femmes cadres déclarent que ces difficultés ont des conséquences sur leur santé psychologique, contre 77% des hommes. Elles sont également plus nombreuses à signaler un impact négatif sur leur santé physique : 75% contre 69%. Cela se traduit par un plus grand niveau de stress intense et d’épuisement professionnel (54% des femmes cadres contre respectivement 43% et 42% des hommes cadres), ou encore la sensation de ne pas pouvoir décrocher de son travail le soir et le week-end (50% contre 41%). Elles sont aussi beaucoup plus souvent confrontées à une fatigue intense (65% contre 43%) et des troubles du sommeil (57% contre 42%).

Des comportements sexistes persistants

Enfin, l'étude met en lumière un autre fléau du monde professionnel : les comportements sexistes. 42% des femmes cadres affirment être témoins de tels comportements au sein de leur entreprise, malgré les actions de sensibilisation mises en place. Celles-ci sont d’ailleurs nettement plus généralisées dans les grandes entreprises (67%) que dans les PME (30%), et encore pire, dans les TPE (14%). Ces actions de sensibilisation sont menées essentiellement auprès des managers et des recruteurs, dans des proportions assez proches.

Ces constats, bien qu'inquiétants, sont accompagnés d'un appel à l'action. Comme le souligne Gilles Gateau, directeur général de l'Apec, dans le communiqué accompagnant l’étude : « Les inégalités de rémunération et les obstacles à la progression de carrière des femmes cadres sont encore là, et régressent beaucoup trop lentement ! En prendre conscience, mais surtout agir par des mesures concrètes, est une urgence, qui impliquent nécessairement toutes les parties prenantes et au premier chef les managers, RH, recruteurs pour parvenir enfin à une véritable égalité ».

Méthodologie

Données obtenues par l’Apec à partir de trois sources : enquêtes en ligne réalisées auprès d’un échantillon de 2 000 cadres en décembre 2023, mars 2024 et juin 2024 (échantillon représentatif des cadres du secteur privé en et hors emploi par la méthode des quotas) ; enquête par téléphone réalisée auprès de 1 000 recruteurs en mars 2024 (échantillon représentatif des entreprises du secteur privé employant au moins un cadre) ; baromètre sur la rémunération des cadres réalisé chaque année auprès d’un échantillon de 14 000 cadres représentatif des cadres en emploi dans le secteur privé.

Source Cadremploi