Des augmentations de salaire plus modérées et surtout basées sur la performance individuelle en 2025, selon Robert Half

Rédigé le 07/11/2024

Après plusieurs années de hausse assez soutenue des salaires post-covid, les rémunérations se tassent. Cependant, plusieurs secteurs sont toujours en manque de main d’œuvre, révèle la dernière étude du cabinet de recrutement Robert Half.

En 2024, les salaires ont globalement suivi l’inflation mais ne sont pas allés au-delà, révèle la dernière étude sur les salaires du cabinet de recrutement Robert Half. La hausse moyenne s’est établie à 2,9%, contre 4,7% en 2023, année de majeure inflation.

Certaines fonctions ont cependant connu des hausses plus fortes, comme les fonctions supports spécialisées et les ressources humaines (6% en moyenne contre 8% en 2023). Ces hausses sont notamment portées par les office managers (20,5% d’augmentation), les assistants commerciaux (15%) et les assistants services généraux (14,5%). « Les fonctions liées à l’office support et aux RH confirment leur rôle stratégique au sein des entreprises à travers la réorganisation de celles-ci (retour au bureau, défis d’attractivité et de fidélisation des talents), avec des évolutions de salaires notables. Le défi pour les employeurs en 2025 restera de maintenir une attractivité salariale en phase avec le marché », », commente Matthieu Imbert-Bouchard, directeur général de Robert HalfInt France, dans le communiqué de presse accompagnant l’étude.

Les fonctions juridiques restent dans la moyenne, portées par les juristes RGPD (8,8% d’augmentation), les juristes (7,7%) et les responsables juridiques (4,7%). En revanche, en finances et comptabilité, les rémunérations ont tendance à stagner (+0,7%), tout comme dans une moindre mesure en IT et numérique (+2%). Dans ces deux secteurs, quelques fonctions tirent leur épingle du jeu car elles restent très demandées : QA Tester/Lead QA (+14%), chef de projets IT (+9%), ingénieur DevOps (+8,8%) dans le numérique ; gestionnaire de paie (+11,5%), trésorier (+11%), responsable du contrôle de gestion (+9,3%) en finance et comptabilité.

Les augmentations se basent de plus en plus sur des critères individuels. Ainsi, 48% des entreprises attribuent des hausses de salaire en se basant sur les performances individuelles. 23% ne le font que pour rester compétitives par rapport au marché. 62% des entreprises pensent au passage que la présence des salariés dans les locaux de leur entreprise a une incidence positive sur leurs chances d’obtenir augmentations et promotions.

Par ailleurs, les intentions d’embauche des entreprises restent relativement élevées. Alors que 48% d’entre elles envisagent de maintenir les postes existants en CDI (37% en intérim, 40% de leurs ressources externes), 25% envisagent des créations de poste (26% en intérim, 21% en ressources externes). Elles souhaitent essentiellement recruter dans les domaines de l’intelligence artificielle, l’automatisation et le machine learning, le service clients, l’administration et la comptabilité.

Des attentes contradictoires entre salariés et entreprises

D’une manière générale, les salariés interrogés dans le cadre de l’étude ne s’estiment pas rémunérés à leur juste valeur, et cela a un impact sur leur volonté de rester en poste. Seuls 35% considèrent que leur paie correspond à leur expertise, leur expérience ou leur niveau de responsabilité, un taux stable quelle que soit la taille de l’entreprise. 41% des salariés estimant mériter une augmentation souhaiteraient entre 10 et 20% de hausse.

Si près de la moitié des salariés envisagent des solutions internes à leur entreprise pour remédier à ce salaire trop bas (être patient et maintenir une bonne éthique de travail pour 25% d’entre eux, demander à relancer une conversation sur le salaire dans quelques mois pour 21%), 15% prévoient de chercher un nouvel emploi, et près d’un quart changeraient d’entreprise s’ils rencontraient une opportunité d’emploi avec une hausse salariale d’au moins 10%. Seuls 31% des sondés sont satisfaits de leur emploi et 30% seraient prêts à en changer pour une meilleure opportunité, même sans hausse de salaire. Si le salaire reste un critère de rétention important, en ces temps d’incertitude économique et politique importants, la sécurité de l’emploi prime désormais sur le salaire pour 38% des salariés interrogés. C’est l’inverse pour 22%.

Face à des salaires pas à la hauteur des attentes des salariés, les entreprises peuvent espérer s’attirer une certaine rétention en jouant sur les avantages sociaux. Encore faut-il que les attentes correspondent à ce qui est proposé. Par exemple, 64% des employeurs interrogés accordent un treizième mois et / ou une prime de Noël, mais cela n’est plébiscité que par 32% des salariés interrogés. Les tickets restaurants, proposés à 62%, ne remportent l’enthousiasme que de 32% des sondés. Idem pour le téléphone mobile (proposé par 50% des entreprises, souhaité par 32% des salariés). Inversement, 24% des entreprises proposent une aide financière à l’achat de carburant, quand 54% des salariés en souhaiteraient une. C’est aussi le cas pour l’aide à l’achat ou au leasing de vélo (23% contre 39%), l’aide financière aux frais de scolarité (25% contre 39%), les journées à horaire réduit (32% contre 50%) ou encore les programmes de gestion du stress (25% contre 44%).

Sur certaines thématiques cependant, les souhaits correspondent à la réalité : aide financière pour l’équipement en télétravail (42% des entreprises le fournissent, 37% des salariés le souhaitent), l’aide financière à la garde d’enfants (28% versus 32%), la voiture de société (40% versus 39%), les journées de dons ou bénévolat (28% contre 26%) ou encore les congés sabbatiques payés (39% partout). En ce qui concerne l’assurance / retraite / santé, les entreprises proposent surtout des plans d’épargne retraite (53%) et des assurances vie prévoyance (44%), quand les salariés voudraient aussi des régimes d’assurance à revenu garanti (à 41%), des aides pour la procréation médicalement assistée et la fécondation in vitro, et des assurances animaux de compagnie (31% dans les deux cas).

Méthodologie

Données non salariales : enquête en ligne élaborée par Robert Half et menée par une firme de recherche indépendante en juillet 2024 auprès de recruteurs et autres professionnels (500 employeurs, 1 000 employés) travaillant dans des PME et grands groupes, dans le secteur public et privé. Données salariales basées sur plusieurs milliers de placements effectués par Robert Half

Source Cadremploi