L’ex-réseau de HSBC France a annoncé à ses employés un plan de sauvegarde de l’emploi concernant 1.250 personnes sur les 3.400 que la banque compte aujourd’hui. Il s’apprête à fermer 35% des 235 agences qu’il possède en France.
Cela fait plusieurs mois que les dirigeants du CCF avaient annoncé qu’un plan de restructuration se préparait. Les employés de la banque ne s’attendaient toutefois peut-être pas à ce qu’il soit aussi vaste. Lors d’un comité d’entreprise qui s’est tenu mercredi 4 décembre, la direction a annoncé la suppression prévue de 84 agences sur les 235 que compte le groupe et un plan de sauvegarde pour l’emploi concernant environ 1.250 personnes sur les 3.400 employés de la banque. Les fermetures prendront en compte plusieurs critères, comme la taille des agences, le maillage territorial et leur potentiel de rentabilité. Les agences parisiennes seront concernées par 30% des fermetures, une proportion identique à celle concernant la totalité des autres grandes villes, comme Marseilles ou Nantes.
My Money Group, la structure de tête du CCF appartenant du fonds Cerberus, est aussi concernée. Ses effectifs devraient passer de 490 personnes aujourd’hui à 320 après ce plan, soit 160 départs, concernant principalement des fonctions supports. «Même si nous veillerons à ce que les personnes qui le souhaitent et le peuvent soient reclassées, il y aura des départs contraints du CCF», s’alarme un délégué syndical. Au total, environ 1.410 personnes du groupe élargi sont donc concernées sur les 3.910 qu’il compte.
«Après une phase de stabilisation, de rencontres terrain et d’analyses détaillées, le groupe a clarifié sa vision stratégique pour répondre à son ambition de devenir la banque patrimoniale à taille humaine de référence sur le marché français et pour renouer avec la compétitivité», explique un porte-parole de la banque. Cette clarification passe donc par une réduction d’un tiers de la taille de la structure. La banque veut, avec cette rationalisation de ses coûts, «atteindre l'équilibre en 2026 et présenter un résultat positif en 2027», a-t-elle indiqué à L’Agefi. Si l’intention est louable, «ce plan est d’une ampleur colossale», déplore un délégué du personnel.
En 2021, lors de l’annonce de la reprise du réseau de HSBC France par le fonds Cerberus, pour lequel la banque britannique a dû faire un chèque de 1,6 milliard d’euros, c’était justement ce type de décision que les salariés redoutaient.
Interrogations en interne
Selon la direction, le fonctionnement de ces points de vente sera très différent de ce qu’il est aujourd’hui. Le CCF prévoit d’attribuer aux directeurs d’agences «des marges de manœuvre accrues pour piloter l’activité commerciale et les performances financières de leur agence, de raccourcir les circuits de prise de décision et de renforcer le rôle des conseillers», précise un porte-parole. Ces déclarations confirment celles faites par Niccolo Ubertalli dans L’Agefi au mois de juillet dernier. «Mais cela reste une vision d’un plan stratégique. Il y a maintenant la pratique, et c’est très différent», assure un syndicaliste.
Quelques heures seulement après avoir été informés du plan de sauvegarde, certains employés s’inquiètent sur l’avenir de la structure. «Est-il possible pour une banque traditionnelle de survivre avec un réseau de seulement 150 agences ? », s’interrogent-ils en interne. Cette question est légitime, alors que les banques, même les plus grandes d’Europe, cherchent à se développer pour atteindre la taille critique. Il est cependant difficile de comparer entre les grandes banques universelles et des entités plus spécialisées. «La situation est tout à fait différente selon les métiers dont il est question. Il est possible pour une banque à réseau d’être très profitable, même avec un nombre restreint d’agences», déclarait à L’Agefi très récemment un dirigeant d’une grande banque française.
Reste à voir quels seront les moyens mis en œuvre par le CCF pour atteindre une «croissance durable», comme il l’ambitionne. Pour l’heure, un plan de 100 millions d’euros d’investissements sur deux ans a été engagé sur le volet technologique de la banque et la formation. La structure ne communique cependant pas sur ce que pourrait lui coûter le plan de sauvegarde. Les discussions à ce sujet pourraient durer jusqu’au mois d’avril 2025, pour des vagues de départ qui pourraient avoir lieu en 2025 et 2026. Cerberus s’était engagé à ne licencier personne de la banque pendant un an après finalisation définitive de l’opération de cession avec HSBC qui a eu lieu le 1er janvier 2024. L’échéance sera respectée, mais de peu.
Source AGEFI