Moins de recrutements de cadres en 2025, mais toujours des tensions sur le marché, selon Robert Walters

Rédigé le 24/12/2024

 

Le cabinet de recrutement a dévoilé son étude annuelle sur les augmentations salariales et les recrutements de cadres. Après des années post-covid florissantes, les offres d’emploi ont diminué de 9% en 2024. Pourtant, les entreprises sont toujours préoccupées par leurs difficultés de recrutement.

9% d’offres d’emplois en moins entre 2023 et 2024 : le marché de l’emploi cadre se rétracte, selon l’étude annuelle du cabinet de recrutement Robert Walters. Même si les profits de management intermédiaire et cadres supérieurs restent recherchés. Ce recul marque un retour à la normale après une forte croissance artificielle liée aux bouleversements post-Covid. Pourtant, les difficultés de recrutement persistent. En effet, 84% des entreprises se disent inquiètes face à la pénurie de talents, un chiffre en hausse de 6 points par rapport à l’année précédente. Parmi les difficultés citées : attentes salariales trop élevées, candidats très sollicités, manque de candidatures. Le taux d’intermédiation (le recours à des tiers pour recruter) diminue également, passant de 46% à 41%.

Malgré les incertitudes économiques et géopolitiques, les cadres restent confiants : 73% d’entre eux se disent optimistes quant aux opportunités d’emploi dans leur secteur. Cette confiance est toutefois en légère baisse par rapport à 2023. De plus, 30% des cadres estiment que la situation politique incertaine met en question la sécurité de l’emploi.

La mobilité continue d’être une ambition des cadres. Près de 51% d’entre eux envisagent de changer d’emploi dans les 12 prochains mois – ils étaient 55% en 2023. Les motivations mises en avant sont l’évolution de carrière et la volonté de fuir un mauvais management, la rémunération n’arrivant que troisième. Cependant, lorsque vient le moment de négocier un nouveau poste, la rémunération redevient un élément central.

La flexibilité, toujours plébiscitée par les cadres

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) reste une priorité pour 16% des cadres dans leurs critères de satisfaction, même si les entreprises semblent y accorder moins d’attention en 2024. 87% des cadres estiment par exemple que les seniors ont davantage de difficultés à trouver un emploi.

Par ailleurs, 73% des professionnels souhaitent que les entreprises s’engagent pour un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. En matière de flexibilité, le télétravail reste plébiscité : 38% des cadres souhaitent en avoir deux jours par semaine et donc trois jours hebdomadaires de présence au bureau, 29% ont une préférence pour trois jours de télétravail, et 20%, pour un seul jour. Une confirmation que le modèle hybride, avec la possibilité de faire du télétravail régulièrement et en même temps une présence régulière au bureau, reste une demande ancrée chez les cadres. « Au-delà du télétravail, essentiel pour beaucoup de candidats qui n’hésitent plus à l’afficher sur leur CV, c’est la flexibilité qui est devenue indispensable », ajoute Coralie Rachet, directrice générale de Robert Walters France.

Or, malgré les craintes que l’on a pu lire cet automne suite à quelques cas emblématiques, les entreprises ne semblent pas désireuses de mettre fin au télétravail. 75% d’entre elles n’ont pas modifié leur politique sur ce sujet en 2024, et 56% ne prévoient pas de le faire en 2025.

Une hausse des salaires sous contrainte

Le contexte économique limite les perspectives de hausse de rémunération : seulement 45% des cadres pensent obtenir une augmentation en 2025, contre 48% l’an dernier. Parmi ceux-ci, 68% anticipent une augmentation modérée de 1 à 3%, et seuls 10% s’attendent à au moins 9% de hausse.

Côté entreprises, moins de la moitié (49%) envisagent d’octroyer des augmentations, en baisse par rapport à 2023 (53%). « La prudence s’impose des deux côtés : les entreprises doivent rationaliser leurs coûts, tandis que les cadres doivent ajuster leurs attentes », souligne l’étude.

Quels secteurs et postes en vue en 2025 ?

Malgré le climat tendu, certains secteurs affichent une forte demande et la plupart des postes resteront en tension. Ainsi, dans la technologie et le numérique, la cybersécurité, l’intelligence artificielle et la gestion des données restent en tête des priorités. Dans le secteur de la santé, les innovations en biotechnologies et télémédecine stimulent le recrutement. Côté finance, les experts en M&A et en contrôle de gestion sont très recherchés. Au sein des ressources humaines, des postes comme responsable paie ou directeur RH connaissent une progression.

Les augmentations salariales moyennes varient selon les secteurs, avec des hausses atteignant 7% pour certains postes stratégiques, notamment dans les domaines juridiques et financiers. Ainsi, les avocats devraient connaître 7% d’augmentation en moyenne, et jusqu’à 15% pour un « senior associate ».

L’étude souligne que l’année 2024 a été marquée par « une certaine incompréhension entre des entreprises ne s’alignant pas aux attentes des candidats, et des professionnels figés sur leurs exigences, aussi bien en termes de rémunération que d’avantages ». Elle met en lumière un besoin impérieux de réalignement entre les entreprises et les cadres. Selon Robert Walters, 2025 devrait voir une évolution, avec des cadres plus conscients des limites budgétaires des entreprises. Aux entreprises d’adapter leurs processus et offres pour attirer des talents toujours très sollicités. 2025 s’annonce, selon le cabinet de recrutement, sous le signe de l’humilité et de l’adaptabilité.

Source Cadremploi