Entre le poids de l'année passée, la pression des nouvelles résolutions, l'arrivée des entretiens annuels et la crainte de ne pas avoir atteint ses objectifs... De nombreux facteurs sont réunis pour faire de janvier un mois à risques. On vous explique comment détecter ou se protéger du burn-out.
Janvier, mois de tous les dangers pour le bien-être au travail. Ce mois synonyme de rentrée, de nouveau départ, de nouveaux objectifs... peut aussi être un "terrain propice à certains déséquilibres", alerte la psychologue Christèle Albaret.
Le syndrome d'épuisement professionnel (ou burn-out), se traduit par un "épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel", selon la définition donnée par la Haute autorité de santé.
Et en ce mois de janvier, Christèle Albaret observe un pic de consultations pour épuisement émotionnel. "Même si le diagnostic de 'burn-out' ne tombe pas à chaque fois, la réalité du trop plein émotionnel et de l'épuisement physique et mental est bien présente", témoigne la spécialiste.
La pression des nouvelles résolutions
Plusieurs facteurs se conjuguent en effet en ce début d'année et en font "une période complexe".
"Vous sortez d'une année épuisante, des fêtes souvent surchargées, physiquement et/ou émotionnellement, et on vous pousse à repartir à bloc avec pleins de nouvelles résolutions", explique Christèle Albaret.
Passé l'euphorie ou l'agitation liées aux fêtes de fin d'année, le mois de janvier peut aussi être le moment de faire les comptes: et le cumul des nombreuses dépenses effectuées peut donner le tournis et générer du stress.
En général, la période hivernale est aussi difficile à traverser, notamment en raison du manque de lumière. "La baisse de sérotonine impacte votre humeur et votre énergie", explique la spécialiste. Et ce n'est pas tout.
Des objectifs professionnels ou personnels
Janvier est aussi le mois du bilan. Il peut être personnel, mais également professionnel. "Cette remise à zéro des compteurs nous fait nous poser un tas de questions sur nous", observe Christèle Albaret. Au bureau, la période des entretiens annuels est aussi l'occasion de faire le point sur ce qu'on a réussi, mais aussi sur ses échecs.
"La perception d’objectifs non atteints ou d’échecs personnels peut renforcer la perte de motivation", analyse Christèle Albaret.
Enfin, qui dit nouvelle année dit aussi "pression sociale" à prendre de nouvelles résolutions. "Les attentes sociétales liées aux résolutions de la nouvelle année exacerbent le stress", explique la psychologue.
Fatigue, stress, pertes de mémoire...
Alors comment détecter les signaux faibles du burn-out pour réagir rapidemment? “Le premier symptôme qu’on va ressentir, c’est la fatigue", explique Didier Lechemia, médecin spécialiste du burn-out, sur BFM Lyon.
"Au début, ça va être une fatigue du matin, puis du soir, puis de toute la journée, ensuite une fatigue du week-end puis des vacances", détaille le docteur Lechemia.
"On est fatigués parce qu'on n'arrive pas à s’endormir, on cogite, on part dans un cercle vicieux, à la fin, on a l’angoisse de ne pas dormir”, poursuit-il.
En plus de cet épuisement, d'autres symptômes peuvent apparaître comme des maux d’estomac, des palpitations, des douleurs musculaires. Il y a aussi des signes psychologiques (stress, anxiété, hyperémotivité...) et même cognitifs (pertes de mémoire, troubles de la concentration...).
Écouter les signaux
"J'ai même eu un patient, un chef d'entreprise, qui n'arrivait plus à passer les vitesses sur sa voiture", raconte Didier Lechemia. Le burn-out est donc à prendre très au sérieux. "Si ces signes s'accumulent, écoutez-les et ne vous dites pas qu'ils vont disparaître tout seul", prévient Christèle Albaret.
Elle appelle aussi les salariés qui peuvent ressentir un malaise à s'interroger. "Y a-t-il en ce moment un déséquilibre entre ce que vous faites et ce que vous ressentez en retour?", questionne-t-elle.
Elle conseille enfin de prendre des mesures concrètes comme faire des pauses, sortir à la lumière, se décharger émotionnellement en parlant ou en écrivant, être à l'écoute de son corps... Dans tous les cas, si vous avez un doute, prenez rendez-vous chez votre médecin traitant qui pourra vous aiguiller.
Marine Cardot