Fin de carrière : une majorité de profils expérimentés favorables au temps partiel

Rédigé le 11/07/2025

L'enjeu autour de la fin de carrière des salariés français, et de son possible allongement, est au cœur des discussions récentes. Cette étape cruciale suscite à la fois soulagement et inquiétude. Alors, comment en redéfinir les contours afin que les entreprises et les profils expérimentés en tirent des bénéfices ? Regards croisés de Stéphane Kolb, DG adjoint de la Banque Populaire Aquitaine, d'Aimeric Raynaud, fondateur de JobToo et de Monelle Barthélemy, directrice des partenariats du Club Landoy.

Plus de la moitié des profils expérimentés (53 %) se réjouissent de voir la fin de leur carrière professionnelle approcher, d’après le *Baromètre « Les Français et la fin de carrière », publié jeudi 26 juin 2025, par OpinionWay et JobToo. Ils se disent, en effet, « soulagés » et y voient l’opportunité de disposer de davantage « de temps pour eux ». Pour 69 % des répondants, une fin de carrière réussie est aussi synonyme de « bonne santé physique et mentale ». Devant le fait d’être « dans une bonne situation financière ».

Cependant, dans le même temps, ils ressentent une certaine fatigue (28 %). « Ce soulagement en bout de course mêlé de fatigue signifie qu’il y a eu probablement beaucoup de pression pendant leur vie active. Cela ressemblerait presque à un… essoufflement de fin de carrière ! », observe le fondateur de JobToo, plateforme de reconversion vers un métier plaisir pour les travailleurs expérimentés. Ces derniers expriment aussi de l’inquiétude (22 %) concernant l’après-carrière : crainte d’être « placardisé », perte du statut social et/ou des repères habituels, moins de stimulation intellectuelle, ou un possible isolement.

En raison du potentiel allongement de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, « le travail n’est plus une fin, mais un moyen », poursuit le dirigeant de JobToo. « Certains salariés expérimentés doivent aussi continuer de travailler par solidarité familiale. Ils sont inquiets, car leurs enfants ne trouvent pas immédiatement de travail en sortie d’études. Ils se retrouvent aussi parfois en situation d’aidance avec des parents vieillissants ou malades« , complète Monelle Barthélemy, directrice partenariats au Club Landoy.

Vers une activité plaisir ?

Aujourd’hui encore, « nous avons du mal à les accompagner dans cette étape cruciale de leur carrière », reconnaît humblement Stéphane Kolb, directeur général adjoint de la Banque Populaire Aquitaine. Un constat partagé par presque 8 profils expérimentés sur 10 (79 %). Ces derniers estiment, en effet, qu’ils ne sont pas « suffisamment valorisés » dans le monde du travail. Dans le détail : 60 % aimeraient bénéficier de conseils, 55 % recevoir un soutien financier de la part de leur entreprise pour préparer la suite, et 54 % avoir la possibilité de travailler à temps partiel dans un autre métier choisi (54 %).

Cette option de fin de carrière en temps partiel est très plébiscitée – y compris par les non-seniors. Plus d’un salarié sur deux (52 %) a déclaré que ce serait « une bonne idée » que leurs collègues plus âgés bénéficient d’un tel dispositif. Une majorité d’entre eux aimeraient que ce soit une activité « plaisir » autour des métiers de bouche, de l’artisanat, du bien-être et du soin. Une sorte de « basculement progressif » vers la suite de leur projet de vie, indique Aimeric Raynaud. « La fin de leur carrière ne se ferait plus de manière passive et subie, mais de manière active et choisie. Cela permettrait d’éviter la phase parfois déstabilisante de cessation totale d’activité professionnelle ». Il a remarqué, par ailleurs, que les profils expérimentés « se tournent moins vers les associations, dont certaines portent des enjeux parfois lourds psychologiquement. »

Impulser ce nouveau mode de travail représenterait de nombreux avantages pour les entreprises : économiques, mais pas que ! Cela entraînerait également une optimisation du pilotage de la masse salariale, une meilleure gestion des compétences en interne, un rapport extra-financier (ESG) satisfaisant, et une marque employeur attractive. À noter qu’il « est fondamental que les managers adhèrent à cette nouvelle organisation au sein des équipes », souligne le DG adjoint de la Banque Populaire Aquitaine.

Si, pour l’heure, le temps partiel pour les seniors peine à s’installer en entreprise, « nous voulons être à l’initiative de ces innovations sociales », affirme le DG adjoint de la Banque Populaire Aquitaine. « Les entreprises sont les principaux vecteurs de transformation de nos sociétés. Elles peuvent changer les mentalités, et en cascade, modifier durablement nos manières de travailler. L’enjeu est de véhiculer plus de représentations positives. Il faut que la fin de carrière n’en soit pas vraiment une« , termine Aimeric Raynaud.

*Le sondage « Les Français et la fin de carrière : comment réinventer l’emploi des travailleurs expérimentés ? » d’OpinionWay pour JobToo a été diffusé ce jeudi 26 juin. L’échantillon de 1067 personnes a été interrogé par questionnaire auto-administré en ligne. Les interviews ont été réalisées du 4 juin au 6 juin 2025.

Source Courrier Cadres