De plus en plus fréquentes dans les entreprises, les cagnottes en ligne pour les pots de départ, anniversaires ou naissances finissent par coûter cher aux salariés. Entre pression sociale et inflation des contributions, ce rituel collectif vire parfois à la corvée.
C’est un sujet qui concerne la grande majorité des salariés. Pot de départ, anniversaire, ou encore naissance d'un enfant : les occasions d’offrir un cadeau à un collègue sont nombreuses. Et à chaque fois, c’est la même histoire. Un collaborateur bien intentionné crée la fameuse cagnotte en ligne afin de récolter des fonds pour financer le restaurant étoilé ou le week-end en Normandie offert à votre collègue plus ou moins préféré. Un geste a priori louable, qui peut pourtant en crisper certains, tant les cagnottes en ligne se multiplient, surtout dans les grandes entreprises.
«Depuis deux ans, plus de 15 collègues ont quitté l’entreprise dans laquelle je travaille, j’ai participé à chaque cagnotte à hauteur d’une vingtaine d’euros minimum, raconte Cyril, qui travaille dans l’édition. Cela représente un budget d’environ 150 euros par an, c’est une somme conséquente qui pèse dans mon budget, surtout que mon salaire est plutôt modeste.» Le cas de Cyril est loin d’être isolé puisqu'en moyenne, selon une étude menée par la plateforme de paiement en ligne Lyf Pay en juin 2025, le montant moyen versé dans la cagnotte d’un salarié sur le départ s'élève à 347 euros. Pour une contribution moyenne de 18 euros par personne.
Si aucun salarié n’est évidemment contraint de participer aux cagnottes, il est en revanche souvent difficile de résister à la pression sociale provoquée par les fameux mails de relance, transmis quelques heures avant la clôture de la tirelire. «Les relances sont envoyées par des managers qui gèrent les cagnottes, c’est donc très compliqué de décliner, poursuit Cyril. D’autant plus qu’ils disposent de la liste des personnes qui participent, on est donc vite considéré comme un radin si l’on s'abstient de participer.»
Pression sociale
De plus, si tout le monde a tendance à se connaître dans les petites entreprises, ce qui entretient une forme de proximité, la situation est tout autre dans les grands groupes, où les salariés ne sont pas toujours proches. Une situation qui peut provoquer certains malaises. «Je suis agacé car il y a des cagnottes pour toutes les occasions dans mon entreprise : mariage, bébé, départ, changement de mission, tout y passe, y compris pour des personnes avec qui je n’ai pas forcément d'affinités, déplore Charlotte, trentenaire qui travaille dans le marketing. Je me sens obligée de participer pour ne pas passer pour une radine alors que parfois je connais à peine la personne en question. Cette année, j’ai dépensé plus d’une centaine d’euros dans les cagnottes.»
Boucles WhatsApp, messagerie instantanée, mail professionnel ou même SMS : tous les moyens sont bons pour relancer les retardataires. Inutile donc de faire l'autruche, d'autant plus que la confidentialité n'est pas forcément respectée. Un problème pointé du doigt par Vincent, employé dans une entreprise spécialisée dans la communication. «Sur certaines cagnottes, le nom des participants et même le montant des participation est affiché, explique-t-il. Cela contribue à mettre une pression sur les personnes qui n’ont pas forcément l'envie ou les moyens de participer, je trouve cela assez malsain. Surtout que ce sont ceux qui versent les plus gros montants qui décident de l’afficher. »
Source Capital

