L'écrasement des salaires, l'effet pervers de l'augmentation du SMIC : un DRH évoque l'une des causes du mal être au travail

Rédigé le 02/12/2025

Si un récent sondage a révélé que les Français étaient globalement satisfaits de leur travail, les signes de mal-être se multiplient pour autant. Benoît Serre, co-président du cercle Humania qui regroupe 700 DRH, explique les raisons de ce mal-être.

Selon le baromètre du cabinet Ekilibre, 68% des Français sont globalement satisfaits de leur travail. Néanmoins, dans le même temps, les signes de mal-être se multiplient : les trois-quarts des salariés disent vivre un stress quotidien pendant que l'absentéisme augmente. Dans l’actualité, les contestations provoquées par la réforme des retraites et la volonté de partir du monde du travail avant l’âge de 62 ans amènent à se poser des questions sur l’insatisfaction des Français au travail.

C’est d’ailleurs les réflexions faites par l’actuel ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou. «Pourquoi à 60-62 ans les Français ont-ils autant envie de quitter le travail ? Cette question, il faut la traiter. Parce qu'elle est déterminante sur le fait que les Français résistent autant à l'idée de travailler deux ans plus», a-t-il déclaré. Et les raisons qui poussent les gens à avoir un ras-le-bol de leur travail sont multiples : l'épuisement des tâches réalisées, le management et les relations sociales au travail, le manque de reconnaissance… Mais l'une d'elle, rarement évoquée, a été observée par Benoît Serre, co-président du cercle Humania qui regroupe 700 DRH.

La France, un pays de salariés bloqués

Il explique ce mal-être par le manque de perspectives d'évolution de carrière, y compris en ce qui concerne les augmentations de salaire. La France serait ainsi un pays de salariés bloqués, qui ne voient aucune évolution dans leur fiche de poste comme celle de paie. Difficile alors de s’épanouir lorsque l’on ne nous donne pas l’opportunité d’évoluer et, après tant d’années de dur labeur, aucune amélioration salariale.

Benoît Serre explique : «En France, pendant longtemps on a eu tendance à voir l'évolution comme uniquement verticale. C'était 'je démarre au niveau 1, puis je passe au niveau 2, 3, 4 et au fur et à mesure je manage de plus en plus de personnes». Selon lui, «le potentiel d’augmentation est de 30% inférieur par rapport aux années 80. C'est très inquiétant parce que ça veut dire que l'ascenseur social est en panne». Dans la continuité de ses explications, Benoît Serre trouve qu’une autre source de frustration est l'écrasement des salaires : le Smic, indexé sur l'inflation, a fortement augmenté ces dernières années, mais les salaires proches du Smic n'ont pas suivi la même tendance.

Source Capital