On en parle beaucoup, on s’y prépare parfois mal… et pourtant, le bon moment pour partir à la retraite reste un mystère pour beaucoup. Une psychologue nous aide à y voir plus clair.
On rêve toutes et tous du moment parfait pour dire stop au réveil, aux réunions, aux deadlines... Mais existe-t-il un âge où partir à la retraite nous rend plus heureux, plus équilibré, voire plus en forme ? Spoiler : tout le monde pense avoir la bonne réponse… mais personne ne tombe juste. Car derrière l’âge légal ou l’âge idéal, circulent surtout beaucoup de croyances, d’angoisses et d’idées reçues. Alors, faut-il partir à 60, 62, 64… ou bien attendre d’avoir tout donné ?
Pour démêler ce qui relève du fantasme et ce qui s’ancre dans le réel, nous avons interrogé Caroline Lambert, psychologue clinicienne-psychanalyste et autrice du livre Au risque de basculer (éd. L'écharpe d'Iris), sous son nom de plume Soline Loiseau. Habituée à accompagner patients et patientes dans les grandes transitions de vie, elle observe depuis des années comment chacun traverse ce passage charnière. Et elle le dit avec calme mais fermeté : il n’existe pas de règle, seulement des trajectoires. Un regard précieux au moment où partir à la retraite ressemble moins à un acte administratif qu’à un saut dans l’inconnu.
Alors, c’est quoi, l’âge idéal ?
L'âge légal de départ à la retraite en France est de 64 ans si vous êtes nés à partir du 1er janvier 1968. Mais en réalité, il n’y a pas d’âge idéal pour partir à la retraite. Ni chiffre magique, ni seuil universel. Pour Caroline Lambert, tout dépend du rapport au travail, de la santé globale, de l’usure physique et mentale, et surtout… de ce qui nourrit véritablement la personne. "Si quelqu’un est bien dans son métier et en bonne santé, continuer peut être très souhaitable", précise-t-elle. À l’inverse, un emploi usant ou un climat professionnel toxique peuvent accélérer l’envie, voire la nécessité, de s’arrêter plus tôt.
La psychologue rappelle aussi que partir ne signifie pas "disparaître". Les dispositifs progressifs (mi-temps, périodes d’engagement associatif, activités bénévoles) permettent aujourd’hui de glisser vers la retraite sans rupture brutale. Une transition plus douce, qui évite le fameux vertige du "et maintenant, je fais quoi ?", et qui favorise une vraie recomposition de l’identité.
Comment choisir le bon moment (et surtout : la bonne saison)
Contre toute attente, Caroline Lambert insiste sur un critère souvent oublié : la saison du départ.
"Être à la retraite un 1er novembre ou un 1er janvier, ce n’est pas du tout la même chose qu’un 1er mai".
Un arrêt en plein hiver, alors que la lumière diminue et que la vie sociale ralentit, expose davantage au blues et aux doutes. Au contraire, un mois de mai ou de septembre, où la dynamique collective repart, soutient bien mieux la transition vers un nouveau rythme.
Autre enjeu : la place sociale, souvent bousculée. Beaucoup ressentent soudain la perte de statut, de regard, d’utilité. "J’entends souvent : "je ne sers plus à rien". Ce n’est pas le manque d’activité qui pèse, mais la perte de place". Pour éviter l’isolement, la psychologue encourage à structurer ses journées : s’entourer, maintenir des contacts, s’inscrire dans des activités stimulantes. Sport, art, bénévolat, associations : tout ce qui relie et fait sens est bon à prendre, peu importe l'âge.
Source Psychologies

